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Comment Fini le loup de Wall Street ?

Comment Fini le loup de Wall Street ?

Est-ce que Le Loup de Wall Street est une histoire vraie ? Après 1998, Jordan Belfort, le loup de Wall Street en réalité, avait passé 22 mois en prison. Il a purgé cette peine pour plusieurs raisons, et parmi les motifs il y a un détournement de fonds frauduleux, ainsi que des introductions en bourse illégales.3 sept. 2021 Où a été tourné le loup de Wall Street ? Malgré le charme des Cinque Terre, il y a eu seulement un film tourné en partie ici. En 2013, Martin Scorsese choisit ainsi les jolis villages de la Riveria du Levant pour y tourner quelques scènes de son film « Le Loup de Wall Street ». Où regarder le loup ? Loup en Streaming & Replay sur TIJI – Molotov.tv. Où regarder le loup de ? Vous pouvez désormais regarder Le Loup de Wall Street sur Netflix depuis la France ou ailleurs dans le monde.22 avr. 2021 Pourquoi Stratton Oakmont ? Les responsables ont décrit Stratton Oakmont comme « l’un des pires acteurs » du secteur des valeurs mobilières, avec un comportement de « mépris évident pour toutes les règles de bonnes pratiques ». En 1999, Jordan Belfort et Danny Porush ont été mis en examen pour fraude en valeurs mobilières et blanchiment d’argent.

Où est Jordan Belfort ?

Où est Jordan Belfort ?

Il est l’auteur du livre The Wolf of Wall Street (2007), qui a été adapté au cinéma par Martin Scorsese, et est sorti en France le 25 décembre 2013. Il est également l’auteur d’une suite, Catching the Wolf of Wall Street. Il vit toujours à Los Angeles.


Bonjour et bienvenuesur 13ème Rue. Tout l’été, nous allons vousraconter les destins hors du commun d’hommes et de femmes pourqui la réalité a dépassé la fiction. Ce sont des personnagesau talent exceptionnel, mais aux egossurdimensionnés et qui ont tous un jourbasculé dans l’illégalité. Ce sont des criminelsd’un nouveau genre. Les Criminels 2.0. Cocaïne, escortes girlset fêtes démesurées. Derrière cette vie de débaucheet ces millions de dollars amassés, Jordan Belfort incarne la facesombre du rêve américain. SurnomméLe Loup de Wall Street, il est sans doute le plus belescroc connu Manhattan. Un crimineld’une telle envergure que Martin Scorsese en afait le héros de son dernier film, interprété parLeonardo DiCaprio. Dans notredocumentaire exclusif, vous verrez qu’Hollywoodne vous a pas tout raconté. Nous avons rencontré l’inspecteurdu FBI qui l’a traqué pendant des années. Des victimesruinées par ses arnaques et d’anciens traders qui nousrévèlent le système Jordan Belfort. Nous sommes retournéssur les lieux qui l’ont fait et avons retrouvédes archives inédites. Voici donc l’incroyabledestin de Jordan Belfort, Le Loup de Wall Street. – Nous sommesle 9 décembre 2013. Sur les Champs-Élysées, journalistes,photographes et badauds se pressent. Tous essaient de retenirl’attention de la star du jour, Leonardo DiCaprio. Il est venu présenterici son dernier film, Le Loup de Wall Street. Il y incarne un deses rôles les plus marquants, l’histoireinimaginable d’un trader qui devient richeà millions à seulement 27 ans. Ce que personne ne sait, c’est qu’un hommeest derrière toute cette histoire. Il a la cinquantaine,plutôt bel homme. Il s’agit de Jordan Belfort,le véritable héros du film. C’est lui qui a inspirécette incroyable success-story qui dépasse la fiction. Le plus fou,c’est que tout est vrai. Nous avons retrouvéces images inédites en France où on y voittoute la démesure du trader. À 28 ans,il possède ce yacht, un hélicoptèreet il donne des fêtes démesurées. C’était travail, travail,travail, fête, fête, fête. Il vivait à 200 pourcent,il n’y avait pas de demi-mesure. – Dans les années 90, Jordan Belfort incarne la réussiteaméricaine dans tous ses excès. Sexe, drogueet dollars en abondance. Dès que je le voyais,il était perché. Il était toujours sous drogue,c’était fou. La dernière fois que je l’ai vu,ses yeux sortaient de la tête. Il étaittoujours sous drogues. – Jordan Belfort, c’est le fabuleux destin d’unnew-yorkais issu d’un milieu modeste. Il va réussir à gagnerdes centaines de millions de dollars sans le moindre diplôme Avec pour seule arme,un charisme hors du commun. Il vendrait desparapluies dans le désert. Ça, c’est un don,c’est un talent et il est né avec. Il était un dieu,c’est un dieu de la vente, Le Loup de Wall Street. – Sa vie, Jordan Belfortl’a racontée en détail dans son autobiographiepubliée en 2006. Un livre passionnant qui a bâti un mythe,celui du Loup de Wall Street. Seulement,dans sa quête de pouvoir, Jordan a tendanceà oublier un peu vite qu’il a bâti son empiresur une vaste escroquerie. Belfort était la bonne personneau bon endroit, au bon moment et avec la bonne idéede fraude pour un criminel. – Nous sommes allés à larencontre de tous ceux qui l’ont croisé. Ces anciens employés,son avocat, les victimes de ses arnaques et l’homme qui l’a traquépendant des années pour l’arrêter. Tous racontentun Jordan Belfort calculateur, sans morale ni scrupules. Un personnage complexequi suscite l’admiration comme la haine. Jordan Belfortest quelqu’un de très amusant. Je l’aime beaucoup. Je ne lui fait pas confiance. Je ne lui confierais jamais mon argent,mais il est sympa. – Voici le véritable portrait dece symbole des folles années 90 où l’argent est roi. Si Jordan Belfort incarneà merveille l’American Dream, c’est parce que cet hommequi a fait trembler la Bourse de New York, est né ici,dans le Bronx, en 1963. À l’époque, c’est l’un desquartiers les plus pauvres de New York, miné par les guerresde gangs et le trafic de drogue. Jordan est issud’une famille modeste. Il est le deuxième filsde Léa et Max Belfort. Ses parents ont une professionqui va peser dans sa vie, ils sont comptables. Jordan va donc grandiren entendant parler d’économie, de finances, de bénéfices. Toute son enfance va être marquéepar la misère sociale de son quartier et la peurdes fins de mois difficiles. Dans les années 70, les Américains s’inquiétaientbeaucoup pour leur argent. Le problèmequand on vivait à New York, c’est que les prêtsaugmentaient avec l’inflation et les salairesne suivaient pas. – Pour préserver leurs enfantsde la délinquance du Bronx, les Belfortdécident de déménager. Ils n’ont pasles moyens d’aller à Manhattan. Ils s’exilentdans ce quartier éloigné, beaucoup plus tranquille,le Queens. Ils posent leurs valises ici,à Bayside. C’est une petite villeau bord de l’Atlantique. Nous avons retrouvél’endroit où a vécu la famille. Un immeuble pas très glamour,typique de la middle class américaine. À l’interphone,il y a encore le nom de ses parents. Là, très vite, Jordan va se révélerêtre un enfant pas comme les autres. Il a de terribles crisesd’angoisse et dort très peu. Sa mèreraconte que souvent, elle entrait dans sa chambrele soir pour voir s’il dormait, il était assis sur son litet il ne dormait. – Quelque chose vacomplexer Jordan toute sa vie, ses origines. Il est juifet il en a un peu honte. Ceux ici qui ont le pouvoir,ce sont les bourgeois protestants, les fameux WASP qui habitentles quartiers chics de Manhattan. Dès son enfance,il éprouve un désir d’ascension. Un besoin de revanchesur ses origines modestes. Il se décritcomme un petit Juif. On a donc l’impression qu’il nese sent pas à l’aise dans ce corps. Il aimerait avoir un corps, peut-être qui correspondplus au canon américain. Il aimerait peut-être être grandou blond, élancé et il est plutôt petit, un peu râblé. Il est plutôt beau gossequand on voit Jordan Belfort, mais lui, en tout cas,il ne se trouve pas forcément très beau. Il y a donc ce complexe physiqueet aussi ce complexe social d’être issu d’une middle classqui ne le fait pas trop rêver. Ce qui le fait rêver, ce sontles superbes voitures hors de prix, les grandes femmes blondes,mannequin, top model. – Adolescent,Jordan a des goûts de luxe. Comme il est issu d’un milieu modeste,il n’a pas le choix. S’il veut de l’argent de poche,il va devoir travailler. L’été de ses 16 ans,une vague de chaleur écrase New York. Jordan achète deux glacières et va dans un parctout près de chez lui. Un été, Jordan a décidéde vendre des glaces sur la plage. Il allait de serviettes en servietteset ça marchait bien. Il est né pour ça,il était très doué. Ça fonctionnaittellement bien qu’il a embauché des copainspour vendre pour lui. Alors qu’adolescent,il a réussi à monter son petit business. – À la fin de l’été,c’est l’heure de faire les comptes. Jordan n’avait investiqu’une dizaine de dollars au départ. En seulement deux mois, il empoche un incroyablejackpot de 20 000 dollars. Un businessman est né. Cet argent, Jordan Belfortl’économiste pour entrer à l’université. Il quitte l’appartement familialpour se rendre à Baltimore, à trois heuresde route de New York. Il intègre une école quipourrait exaucer ses rêves de richesse, le BaltimoreCollege of Dental Surgery. Là, rien nese passe comme prévu. Il fait ce que sa mère a toujours voulu,une école de médecine dentaire. Il raconte dans son livreque dès son premier jour de fac, le doyen faitun discours inaugural et dit aux élèvesque l’âge d’or des dentistes est fini. Jordan se dit,qu’est-ce qu’il faisait ici ? Il se lève, il quitte la salle et ne remetplus jamais les pieds en fac dentaire, au granddésespoir de sa mère et il finit rapidementpar retomber sur ses pieds. – Nous sommes en 1983. Jordan Belfort a 20 anset aucun diplôme. Il espérait prendresa revanche sur les WASP grâce au métierprestigieux de dentiste. C’est raté. Alors il va revenir à cequ’il sait faire depuis le début, acheter et vendre. Il se lance commecommercial à New York. Il parcourt la villedans un camion pour vendre de la viandeet des fruits de mer congelés. Jordan rejoint cette entreprise-làet devient vendeur. Très rapidement,il explose tous les records de ventes. Il devient le meilleurvendeur de toute l’entreprise. Forcément, ça lui donne des idéeset il propose à son ami de partir, qu’ils montent leur propreentreprise de vente en porte-à-porte de viandes et de surgelés. – Après quelques mois, Jordan démissionne et créesa propre entreprise concurrente. Il est persuadé qu’il n’a besoin depersonne et que l’argent coulera à flots. Les premiers mois,lui donnent raison. Au début, ils ont unseul camion et finalement, rapidement,ils se retrouvent avec 26 camions. Là, il se rend compteque quand on monte une boîte et qu’on se fournit auprès de grossistes,on peut les payer après avoir vendu. Ils voient là une sortede levier financier potentiellementtrès intéressant. – L’adolescentcomplexé et anxieux s’est maintenant transforméen entrepreneur à succès. Avec l’argentqui coule à flots, il a trouvé le moyende vaincre son complexe d’infériorité. Jordan tient enfin sa revancheet il veut le faire savoir. À seulement 21 ans,il s’offre une Porsche rouge dans laquelle il aimeparader dans Bayside. Derrière cette réussite tapageuse,se cache un défaut majeur. Jordan ne pense qu’à l’argent,il se moque des lois. Il laisse des factures impayéeset ces banquiers le harcèlent. Il doit déposer le bilan. Pour lui,l’épisode marquant, c’est quand les huissiersviennent et saisissent sa Porsche qui étaitsa première Porsche. On le sent pour luile symbole d’une émancipation sociale, de l’ascension. Il verse une larme,mais c’est fini. Par contre, il va vraiment tout fairepour ne pas répéter ce genre d’erreur. – Le jeune hommerepart de zéro. Un voisin lui conseillede trouver du travail à Wall Street. Wall Street,la place boursière historique de la ville, symbole de la puissancefinancière américaine. À l’époque,dans les années 80, Wall Streetest en pleine ébullition. Les New-Yorkaiscroivent que la Bourse a sauvéleur ville de la faillite. Jordan estimmédiatement séduit. Il y voit l’assuranced’un travail facile et la promessede gagner beaucoup d’argent. D’autant plus qu’à l’époque,un film dévoile le monde de la finance. Il s’agit de Wall Streetd’Oliver Stone avec Michael Douglas. L’histoire dénonceles arnaques financières de Gordon Gekko, un trader sans scrupules. Cela va impressionner Jordanet créer chez lui une vocation. Ces jeuneshommes bien habillés, faisaient beaucoup d’argent. Ils s’appelaient entre euxles maîtres de l’univers. Je pense que le film Wall Streetcapture vraiment bien ce qui s’est passé. Tout cet argentqu’on gagnait là-bas. – Le but de Gordon Gekko,gagner le plus d’argent possible. Sa célèbre répliquedevient un mantra pour Jordan. L’avidité, c’est bien.- L’avidité, c’est bien. – Nous sommes en 1987. Jordan à 24 ans. Il monte dans un bus,costume repassé et CV en main. Il est bien décidéà conquérir Wall Street. C’est à ce moment précisque son destin va basculer. Jordan a rendez-vousau 23ème étage d’une grande tour de la célèbrecinquième avenue à Manhattan. Il postule à un stagepour devenir trader chez LF Rothschild. LF Rothschild étaitune banque d’investissement. À cette époque,les compagnies boursières, les banques ont investi de grands bureauxet ont engagé de nombreux traders. Ils utilisaient de nouveaux systèmesinformatiques pour échanger les actions. On pouvaittravailler en ligne, on utilisait les ordinateurspour acheter et vendre des actions. Ça s’est démocratisédans les années 80, 90. – Dès son entretien d’embauche,Jordan impressionne son auditoire. Son employeur lui demandede lui donner une raison de l’embaucher. Jordan lui répond,qu’est-ce qu’il pouvait faire pour lui ? Il lui dit de lui donner envied’acheter quelque chose. Il prend au hasard une action dansla cote qu’il ne connaît absolument pas. Il commence à vanterles mérites de cette action en disant que ça allait performer,gain garanti. Là, son employeur lui ditque ce qu’il venait de faire est totalement illégal,qu’ils ne garantissaient jamais un gain, mais qu’il l’embauchaitquand même. – Le lendemain, Jordan pénètredans une salle mythique, la Boiler Room. L’endroit est bondé detraders pendus à leur téléphone. Un choc visuelqu’il décrit longuement dans son livre. – Jamais plusje n’oublierai cette clameur, semblable au grondementd’une foule en furie, qui allait changerma vie pour toujours. C’était le cri de jeunes hommesdévorés de cupidité et d’ambition, s’engageant cœur et âmepour les riches businessmen de toute l’Amérique. C’est très excitant, on prend des grossesdécisions en quelques secondes. On achète, on vendet si on fait un bon coup, on crie Hourra ! Si on perd de l’argent, on est déçualors on hurle des grossièretés. Il n’en revient pas. Lui qui vient de cette classemoyenne du Queens, il est très surpris de rentrerdans ce temple de la finance avec un nom très prestigieux. – Pendant six mois, le stagiaire apprendles ficelles du métier. Comme il débute,il est seulement connecteur. Son rôle, réussir à joindreles acheteurs potentiels au téléphone et les passer au traderpour qu’il conclue des affaires. Dans ce nouveau milieu,Jordan est humilié, insulté quotidiennementpar ses supérieurs. Il ravale sa fiertéet au bout de quelques mois, il décroche le Graal,un diplôme de trader. Nous sommes en septembre 87. Jordan s’apprêteà entamer son ascension dans les sphèresde la finance quand soudain, un événement imprévisibleva brutalement tout arrêter. Le 19 octobre 1987,le marché s’effondre en une journée. C’est la plus grosse chutejamais vue à Wall Street. Les actions perdent22 pourcent en quelques heures. Le ciel luitombe sur la tête. Il apprend que LF Rothschild,temple de la finance, fait failliteet il perd son job. Il n’est plus question d’être promuni de travailler chez LF Rothschild, c’est doncassez dur pour lui. Il a très peur de devoirtout recommencer à zéro. – Il n’y a plusde travail à Wall Street. Alors Jordanépluche les journaux en quête du nouveaujob qui fera sa fortune. Une petite annonceattire son attention. Un poste de courtierdans une entreprise loin de Manhattan. Investor Centerest une société qui prospère avec desactions un peu particulières. On appelle ça des penny stocks,c’est parfois même des cent stocks, c’est-à-dire des actionsde quelques centimes. Des actions qui sont venduessur le marché hors-cote, totalement dérégulé.Tout est tout est permis. On peut manipulerles cours comme on veut. – Ici, la spécialité est devendre des paquets d’actions à de crédules retraitésou épargnants un peu trop naïfs. Ils s’imaginent gagner le gros loten misant sur de petites entreprises censées exploserdans les prochains mois. En réalité celui qui s’enrichit,c’est Jordan. Dès son premier moiscomme employé à Investor Center, il gagne 38 000 dollars. Le mois suivant,il en gagne 70 000, on est donc surune pente plutôt ascendante. Au total, la première année,il gagne 500 000 euros. Il n’a pas perdu au change. – Grâce à cette action qu’il ne vendque quelques centimes de dollars, Jordan devient enfin riche. Il prend un plaisir à se pavanerdevant le Country Club du coin. Un endroit réservé auxgrands bourgeois protestants. Un club où lui,le Juif issu des bas-fonds de New York, n’aura jamaisle droit de s’inscrire. Même quandil est au sommet, il a encore envie de prouverqu’il est meilleur que tous ses WASP. De les écraser, de les ridiculiseret de leur extorquer de l’argent. – Jordanaa maintenant 26 ans. Ces techniquesde vente sont redoutables. La décision est prise, ils se mettent à son compte avec l’unde ses collègues et amis, Danny Porush. Ensemble, ils créent une sociétéqui s’appelle Stratton Oakmont. C’est un nom qui est choiside manière volontairement pompeuse pour se donnerdes lettres de respectabilité. C’est déjàle début de l’arnaque. – Les deux associés s’installentdans un ancien garage de Long Island. Dans la même lignéequ’Investor Center, Stratton Oakmont vend des actionsde petites entreprises mal cotées. Cette fois-ci,Jordan a une idée géniale, S’attaquer aux gros poissons,aux hommes d’affaires, capables d’investir plusieurscentaines de milliers de dollars. Pour cela, il s’entoured’une douzaine d’amis rencontrés pendantson enfance à Bayside. Des types un peu paumés, totalement ignorantsdu monde de la finance. Ça commence commen’importe quelle petite entreprise un peu foireuse. C’est un peu artisanal. – Les débuts sont poussifs, alors Jordan travaille encoreet encore sa technique de vente. Au bout de quelques mois, il livre à ses employésun mode d’emploi de la vente forcée. Une méthode qui s’appelleStraight Line Persuasion system, un document qui permet d’anticiperles réponses des clients potentiels. – Il leur prépare des feuillesoù il y a des dialogues tout prêts. Ces employés n’ont plusqu’à apprendre par cœur pour pouvoir les marteleravec encore plus d’assurance. – Nous avons retrouvél’avocat de Jordan Belfort. Il se souvient des phrases que les tradersdébutants apprenaient par cœur. L’action va doubler,nous la vendons à un très bon prix. Nous sommes très proches de la sociétéet de très bonnes sources. Nous avons des informationsque personne ne connaît. C’est une super opportunité. J’ai seulement5 000 actions à vendre. Ça va partir très vite. S’il sentait une hésitation, un client qui disaitqu’il fallait qu’il en parle à ma femme. Le trader répondait,pourquoi devait-il en parler à sa femme ? Qu’il ne prenait pas les décisionset de quoi avait-il vous peur ? C’est une opportunitéque sa femme aurait voulu saisir. – Le succès est foudroyant. Au boutde seulement un an, Stratton Oakmontdéménage dans de nouveaux locaux bien plus grands,flambant neufs. Nous sommes au 1979,Marcus avenue. C’est derrière ces vitres queva se bâtir le mythe de Jordan Belfort. Ici, en quelques années, il va réunir plus de 1 000 personneset gagner des millions de dollars. Avec des méthodesparticulièrement efficaces. Le choix de cet emplacementéloigné de Wall Street ne doit rien au hasard,selon Joel Cohen. Ce procureur a longuementenquêté sur Stratton Oakmont. Je pense qu’ils sesont installés à Long Island vu c’étaitmoins cher que Wall Street. Surtout, parce que cela permettaitde recruter des jeunes sans expérience et complètementavides d’argent. Des jeunes pensantque c’était le meilleur job du monde. Ils n’auraient jamais pu recruterce genre de personne à Manhattan. – Parmi les jeunes loupsattirés par l’argent facile, voici Roman Ansari. Il a accepté en exclusivitéde raconter les coulisses de cette sociétéhors du commun. Je travaillaisdans une petite supérette et un employé de Stratton Oakmontest rentré dans la boutique. Il avait peut-être 24 anset il portait une superbe Rolex. Je lui ai demandéce qu’il faisait dans la vie. Il m’a réponduqu’il était trader. Alors j’ai demandés’il gagnait beaucoup d’argent ? Il m’a dit qu’il enavait gagné plus l’année dernière que je n’en gagneraisdans toute ma vie. Je lui ai dit,comment on faisait ? Il m’a donné sa carte et il m’a ditque si je voulais de l’argent, je devais êtrelà à 7 h demain matin. – Le lendemain,Roman se rend à Long Island. Il est complètement stupéfait par ce qu’il découvre surle parking de Stratton Oakmont. Des Ferrari,des Porsche, des Lamborghini, que des belles voitures. Je ne me souviens pas avoirvu une seule voiture abordable. – À l’intérieur, il règne une ambiancesurvoltée dès 6 h 30 du matin. Imaginez une pièceavec 1 000 personnes. Vous entrez là-dedanset il y a un bruit pas possible. C’était invraisemblable. Je ne savais plusoù donner de la tête. – L’exemple de Romanen’est pas un cas à part. Jordan Belfort recruteses employés dès leur sortie de l’école quand ils ont 18 ou 20 ans. Il peut ainsi les formater avec sestechniques de vente bien particulières. Les traders étaient jeunes,début de vingtaine. Certains diplômésde l’université et souvent, ils sortaient juste du lycée. Ils devaient passer,comme c’est le cas aujourd’hui, une licence pour avoirle droit de vendre des actions. Ce n’est pas un examen très difficile,mais beaucoup ont échoué. Quand nous avons commencé à enquêter,à les interroger, nous avons découvertque la plupart d’entre eux payaient des personnespour passer l’examen à leur place. – Tous les matins,Jordan Belfort monte sur l’estrade et livre des discours enflammés à sesstrattoniens comme il aime les appeler. Ces moments de liesse sontcapitaux dans la gestion de la société. Le jeune patron de 28 ans promet un niveau de viesans limites aux jeunes traders. Assoiffés d’argent et d’adrénaline,ils boivent littéralement ses paroles. Il avait cette espècede capacité extraordinaire de dynamiser ses équipesavec en effet ses grands discours. C’est un excellent orateur. C’était un gourou. Il était leur leader,il l’admet lui-même. Il y avait un véritableculte autour de lui. Il se mettait en scène et promettaitqu’ils allaient faire beaucoup d’argent, qu’ils allaient devenir comme luiet s’éclater dans la vie. Alors ils le suivaient. – Pour tenir le chocde cette cadence infernale, les traders se laissent tenterpar l’alcool et de drogues qui provoquent euphorieet hypersensibilité. Cocaïne. Ainsi que Mandrax,un médicament qui fait planer. Toutes ces substances sontcourantes chez Stratton Oakmont. Des dealers viennent mêmelivrer les employés dans les bureaux. Quand vous vivez à toute vitesse,vous avez besoin d’un break parfois. Ce n’est pas possible,pas par manque d’argent, par manque de temps. Les drogues vouspermettent de souffler. Elles fontvoyager votre esprit, elles vous emmènentdans un autre monde. – Alden Cass est psychologue. Il a aidé de nombreuxtraders de Wall Street à sortir desméandres de la drogue. Beaucoup de traders utilisaient cesdrogues pour se sentir moins coupables, apaiser leur mauvaiseconscience d’arnaquer les investisseurs. – Jordan lui-mêmeest complètement accro. Il consomme des dizainesde pilules chaque jour. – Quand je suis arrivé à Wall Street,je ne connaissais rien aux drogues. Je n’en prenais jamais. Au bout de quelque temps,ça me paraissait complètement normal. Comme devantune baignoire d’eau chaude. Au début,on trempe un doigt de pied et on le retire tout de suite,c’est trop chaud. Cinq minutes plus tard, on est complètement dedanset on s’y sent bien. Dès que je le voyais,il était perché. Il était toujours sous drogues.C’était fou. La dernière fois que je l’ai vu,ses yeux lui sortaient de la tête. Il planait toujours. – Les jeunes traders prennent StrattonOakmont pour un vaste terrain de jeu. Il y règne une ambiancede débauche inouïe, rarement vuedans les salles de marché. Jordan lui-même est un peudébordé par les événements. Un jour, il voit deux employés,une femme et un homme. La jeune femmequi est une assistante de 17 ans en train de faire une fellationdans l’ascenseur de l’entreprise. L’ascenseur est un ascenseur en verreet tout le monde voit ça. Il m’a raconté que quand il avait vu ça,il était très, très choqué. Il s’était rendu compte que personne ne se plaignait ni lespersonnes qui avaient vu la fellation et ni même l’assistantequi l’avait pratiquée. Il avait laissé faireet si les gens s’amusaient, c’était très bien. Ils avaient dû faire passerune circulaire dans l’entreprise enjoignant les salariésde ne pas faire l’amour entre 8 h et 19 h. La circulaire étaitestampillée d’un couple en train de faire l’amouren levrette avec un rond et une barrecomme une sorte de stop. – Cette règlen’est pas respectée. Jordan Belfortest le premier à la transgresser en organisantdes challenges toujours plus fous pour motiverles troupes de Stratton Oakmont. Le mardi,c’était le jour des prostituées. Il y a une personne assisede chaque côté de la table. Une fille est en trainde danser sur la table. Les deux traders doivent vendreleurs actions le plus vite possible. Celui qui gagneremporte la fille. Jordan Belfort n’hésite pas à dépenserdes dizaines de milliers de dollars pour organiserdes petites soirées où il s’agit de célébrerune introduction en Bourse ou un contrat. Ce sont des soiréesde débauche incroyables. – Nous avons retrouvé des imagesjamais diffusées en France. On y voit les employés de StrattonOakmont débarquer par cars entiers dans les fêtesdonnées par leur patron. Jordan chouchoute ses employésà grands coups de soirées alcoolisées. Donner l’impressiond’une entreprise où tout est permis et où il faut vivrel’instant présent. C’est inestimable,savourez ces bons moment de la vie. Profitez enet gardez en des souvenirs. Jordan collectionneles voitures rutilantes, se déplace en hélicoptère. Il s’offre même le comble du luxe,un yacht de 50 mètres. L’ascension sociale pour Jordan Belfortpasse vraiment par la possession et l’exhibition de biens. Aujourd’hui, on diraitqu’il est très bling-bling. – Dernière pièce pour complétersa panoplie du parfait millionnaire, sa femme Nadine. Une jolie topmodel britannique repérée dans une publicitéà la télévision. Lui la tient en quelque sorte par l’argentet elle le tient par l’amour ou le sexe, ou en tout casl’illusion d’avoir un mariage parfait. – Jordan vit à 200 à l’heure. Il tient enfinsa revanche sociale. Comme pourasseoir sa puissance, il rachète cette maisonoù nous nous sommes rendus à Long Island. C’est la dernière propriété de l’ancienPrésident de la Bourse de New York. À Brookville,la banlieue ultra-chic de Long Island. Il m’a dit que rien n’étaitjamais assez grand pour lui. Même quandil avait acheté cette maison, il s’est dit que l’alléen’était pas assez longue et qu’il allaitfalloir l’agrandir. Le genre de personnequi n’en avait jamais assez. Il me fait penser au petitfrère que tout le monde ignore et que personnene fait attention. Il fait tout pour réussir,car il veut avoir de l’importance. C’est exactementce qu’a fait Jordan. – Étonnamment, ce mode de viedémesuré fait de folles dépenses. C’est aussi une stratégie bien penséepour mieux contrôler ces strattoniens. Inciter à se sacrifier au travailpour imiter son train de vie. Malgré tout l’argent qu’ils ramènent,ils sont tous aussi fauchés. Ils dépensent jusqu’au dernier centpour tenter d’imiter mon style de vie. Ils finissent par avoir des fins de moisdifficiles en gagnant un million par an. Ce que je veux dire, c’est qu’il est plus facilede les contrôler s’ils sont fauchés. C’est grâce à çaque ça fonctionne. Jordan est un individucalculateur et manipulateur. Il sait utiliser son charismepour attirer l’attention sur lui. Ce sont des maîtresdans la psychologie humaine. Ils arrivent vraimentà embobiner tout le monde. Ils veulent avoir une emprisesur leurs proches et grâce à ça, ils se sententbeaucoup mieux. Ils ont l’impressiond’avoir le contrôle. – Seulement toutcet univers de décadence où les millions de dollarspleuvent tous les jours, est en réalitébâti sur de vastes arnaques. En 1991, Forbes, le magazineréférence dans le monde de la finance, se fend d’un portraitde Jordan Belfort. Un portrait assassin. La journaliste pointe les opérationstroubles de Stratton Oakmont. L’article est assez négatif. D’ailleursle titre de l’article, c’est “Steaks, stocks,what’s the difference ?”. Il y a un jeu de motsentre steaks et stocks, steaks et actions. Pour faire référence à son activitéet son passé de vendeur de viande. Le titre est assez ironiqueet l’article dépeint Jordan comme un personnagequ’il vend des steaks ou des actions. Il le fait avec la même ambitionde s’en mettre plein les poches. C’est écrit noir sur blanc dans l’articleque Stratton Oakmont vend des actions à des investisseurs un peu naïfsqui se laissent complètement embobiner. Déjà à l’époque, les agissements pas très nets de StrattonOakmont sont de notoriété publique. – Nous avons retrouvé l’unedes victimes de la société de Jordan. Robert Shearin est contactéen 92 par Stratton Oakmont. À l’époque, il est un jeuneentrepreneur dans le textile. Il souhaite investirses économies. J’ai reçu un appel d’un certain Paul Grecoqui m’avait dit qu’il était Paul Greco et qu’il travaillaitpour Stratton Oakmont. Il avait eu mes coordonnéespar l’un de mes copains qui était avec moi à Harvard. Il lui avait fait gagnerbeaucoup d’argent. Il m’avait dit de m’appeler,car j’aimais jouer en Bourse. Que j’étaisagressif et intelligent et que je serais très intéressépar ce genre d’affaires moi aussi. Ça a ouvert le dialogue. – Convaincu par le bagouimparable de son interlocuteur, Robert Shearin se laisse griserpar les promesses de gains rapides. Il investit d’abord11 000 dollars dans des actions qui se révèlent lucratives. Ça m’a fait gagner pas mal d’argent,quelques milliers de dollars. Je me suis dit que20 pourcent de gain en un mois, c’était exceptionnel ! Après, il a rappeléet m’a dit que maintenant, soyons plus joueurs. J’étais prêt à sauter dansle grand bain et je l’ai fait. – Il achète des centainesde milliers de dollars d’actions par le biaisde Stratton Oakmont. Comme lui, les autres victimes de cettesupercherie sont ciblées avec soin. Des particuliers résidanten dehors de l’État de New York. Des personnes influençables qui évoluent loindes sphères de Wall Street. Impossible d’aller vérifierles belles paroles des traders. Chaque sociétéavait une histoire incroyable selon eux. La différence entreaujourd’hui et cette époque. C’est qu’en 1992, on ne pouvait pasaller vérifier sur Internet pour voir si le traderdisait la vérité. On leur disait que c’étaitla meilleure action à acheter. C’est une sociétéqui a eu l’idée de vendre de l’eau potabledans les supermarchés. Directement dans des grosses bonbonne,c’est nouveau. Durant leurs courses, les clients chargerontleurs bouteilles recyclables. Ça va faire un carton.Étant un bon client, ils voulaientvendre les premières actions. En vérité, la sociétédont ils vendaient les actions était justeune entreprise fantôme. Il n’y avait personne,c’était juste un nom. – Jordan ne se contente pasde ce genre de tromperie. Il veut gagner toujours pluscomme un joueur compulsif. Alors il va mettre au pointune escroquerie baptisée pump and dump. Le pump and dump, c’est quand on augmenteartificiellement le prix d’une action et qu’on revend toutesces actions au prix fort. La phrase qu’onutilisait dans le jargon, c’était “OK,décrochez-moi ce téléphone” “et mettez du rougeà lèvres sur ce cochon”. Cela voulait dire d’embellir des actionspour vendre de très mauvaises actions. – Le meilleur exempleest l’affaire Steve Madden. En 1993, Jordan souhaitemiser personnellement 500 000 dollars dans la marquedu créateur de chaussures à la mode. Jordan veut posséder la moitiédu capital de cette entreprise et il a un tuyau en or. Il sait que cette marqueva bientôt entrer en Bourse. En réalité, Stratton Oakmont n’a pasle droit de posséder autant de parts. Alors Jordan décidede recourir à une astuce illégale. Il va créer des sociétéécrans gérées par ses amis. Ils échappent ainsiaux radars de la SEC, la Securities and Exchange Commission,le gendarme de la Bourse américaine. Le jour de l’introductionen Bourse de Steve Madden, Stratton Oakmont rachète massivementles actions aux sociétés écrans au prix de cinq dollars. Sur le marché, tout le monde s’étonneet se dit qu’il faut suivre le mouvement et acheter du Madden. Le cours de l’action s’envole. Jordan a réussi à la faire grimperartificiellement jusqu’à 18 dollars. Là, il donne l’ordreà tous ses traders de vendre. Il réalise ainsiun énorme bénéfice. En dix minutes, Jordan Belfortempoche 20 millions de dollars. Cette manœuvre illégale,il va la répéter plus d’une fois. Stratton Oakmont a introduiten Bourse une trentaine de compagnies. La plupart étaient dessociétés vouées à l’échec. C’était vraiment de mauvaise boîteet ça importait peu à Jordan Belfort. Il s’en fichait. Le but n’était pasde trouver une compagnie lucrative, plutôt de faire gonflerartificiellement sa valeur. – Ceux qui pâtissentde ce genre d’arnaque, ce sont ceux qui achètent quelques joursaprès la hausse artificielle de l’action. Pour eux, le cours retombe brutalementen dessous de la mise de départ. C’est ce quiarrive à Robert Shearin. Pendant des mois, il va recevoir que desmauvaises nouvelles de Stratton Oakmont. Quand j’ai commencé à me rendrecompte que je perdais de l’argent, j’ai demandé à vendretoutes mes actions. C’est là quele combat a commencé. Je hurlais au téléphone en disantde vendre tout ce que vous pouviez, que je voulaisrécupérer mon argent. C’est fini, je hurlais. À l’autre bout du fil, le trader me répondait que j’étaistrop stupide pour gagner de l’argent, que j’étais un idiot. Il me hurlait dessus. Deux fois, ils m’ont transférél’argent sur d’autres actions alors que j’avais demandéle retour de mes fonds. Ils ont acheté d’autresactions sans ma permission. Ça a pris un temps fouet beaucoup d’efforts pour qu’ils finissentpar vendre toutes les actions et m’envoyer le peud’argent qu’il restait. – Au total, Robert Shearin va perdreune grande partie de ses économies, c’est-à-dire 170 000 dollars. Pour d’autres,la situation est bien pire. Des centaines de personnes ont perdu toutes leurséconomies dans ces arnaques. Ils ne pouvaient pluspayer leurs prêts, assurer leur retraiteou les études de leurs enfants. Cela a été prouvé. Quand Jordan Belfort raconteque toutes ses victimes étaient riches, même si celane fait aucune différence, c’est complètement fauxet c’est très grave. – À Wall Street, on commence à parlerde cette entreprise du Long Island qui fait des millions et où les traderssont récompensés avec de prostituées. Alertée par de nombreuses plaintes,la SEC, le gendarme de la Bourse, est déjà sur les tracesde Jordan Belfort. À partir de 1992, deux agents prennentleurs quartiers dans Stratton Oakmont. Ils épluchent le moindre documentqui pourrait révéler une fraude. Le chauffage est au niveau zéropour qu’ils aient le plus froid possible. Il y a des microsdans cette pièce-là. Pour Jordan, l’idée, c’est un peud’appliquer ce ce proverbe “Keep your friendsclose and your enemy is closer”. Jordan et Danny Porushétaient des gros preneurs de risques. Ils pensaientqu’ils pouvaient battre la SEC. Pour être honnête, on s’en est pas mal sortipendant plusieurs années. – La SEC ne parvient pasà coincer Jordan. Un homme va jurerd’avoir la peau du Loup de Wall Street. Il s’agit de Gregory Coleman,un agent du FBI. Pour nous, il a acceptéde revenir sur l’enquête de sa vie. Quand tout a commencé,il a 30 ans. Il est simple, honnêteet mène un train de vie modeste. Il est l’opposéde Jordan Belfort. Surtout, il déteste particulièrementla débauche d’argent. L’avidité dont fait preuve Jordan. Dès le départ, ça a été très difficilede progresser dans cette affaire. Beaucoup de traders et d’employésgagnaient des millions de dollars. C’étaient des jeunes hommesqui avaient des revenus hors du commun. Forcément,ils n’avaient pas du tout l’intention de coopérer avecle FBI ou les autorités. C’était très difficilepour nous de prouver les fraudes. Jordan est un hommetrès charismatique. C’est un beau parleur alors j’ai compris que monenquête allait être très difficile. C’est une partie de cache-cacheentre lui et le FBI qu’il méprise, alors il adore. C’est-à-dire que c’est un escroc,il le sait très bien. Comme il n’a aucunscrupule ni remord. Pour lui,ce n’est pas le bien et le mal. C’est qui perd et qui gagne. Je joue à cache-cacheavec le FBI et je vais leur montrerà quel point ils sont nuls. – Dans ce bras de fer,la première victoire revient à la SEC. Après deux ans d’enquête, elle a réuni des preuvesirréfutables de malversations. Jordan Belfortdoit quitter la tête de son empire, payer une amendede 2 millions de dollars. L’ultime sanction pour lui,il doit rendre sa licence de trader. Jordan Belfortest particulièrement sanctionné puisqu’on luiretire son statut de trader. Il n’a officiellement plus droitd’exercer dans l’entreprise. Ceci dit,il conserve son statut officieux de grand manitouau sein de Stratton Oakmont. En plus, il conserveune rente très confortable. – En réalité,pour le dédommager de son éviction, Jordan va continuerà toucher un salaire astronomique, un millionde dollars par mois. Loin d’arrêter, il continue de plusbelle son train de vie exceptionnelle. C’est alors qu’il va commettreune erreur qui lui sera fatale. Il organise l’évasion fiscaled’une grande partie de ses revenus. Une magouille rocambolesque. Il envoie discrètementde l’argent liquide en Suisse. Il a utilisé des passeurs. Il paye une femmequi a la nationalité suisse et qui est mariéeà un Américain. Le couple fait ça en duo. Le mari étaitle dealer de Jordan. Sa femme est en Suisse. C’était la combinaison parfaitepour ne pas se faire pincer. – Ne doutant de rien, Jordan a même une idée totalementsaugrenue et terriblement risquée. Scotcher l’argent liquidesur les corps des passeurs. Il donnait l’argent liquide et les passeursle cachaient de manière différente. Parfois dans les bagages,parfois scotché à même leur corps, et même parfois les deux. D’autres personnes ont été impliquéesau fur et à mesure que la fraude avançait. Ils passaient la frontièreaméricaine avec le liquide dissimulé et le déposaitsur des comptes en Suisse. – Dans l’ombre, l’agent du FBI Gregory Colemanet celui de la SEC, Joel Cohen, s’unissent pour démantelerle réseau de Jordan Belfort. Ils gagnent la confiancedes autorités suisses et reçoivent enfinla preuve du blanchiment d’argent. Je me souviens une foisrentrés de l’un de nos voyages à Genève avec Gregory Coleman. Le lendemain, une boîte est arrivéeau courrier avec un pli à l’intérieur. Nous l’avons ouvertet cela a confirmé ce dont on se doutait. Jordan et ses associésavaient des comptes cachés en Suisse. – Jordan Belfortn’a plus aucune porte de sortie. Il est cerné de toutes parts. En 1998, il est arrêté et inculpépour fraude et blanchiment d’argent. Il savait que je le pourchassaisdepuis six ans. Je pense qu’il était soulagé que cettechasse à l’homme soit enfin terminée. À la fin de la journéed’interrogatoire, il a plaidé coupable non seulementpour le blanchiment d’argent, aussi pour toutes les fraudescommises par Stratton Oakmont. – Le coupable risque alorsune lourde peine de prison. Une fois de plus, Jordanva trouver le moyen de sauver sa peau. La Justice américainepeut se montrer clémente avec ceux qui collaborentalors Jordan balance tout. Il donne la listede tous ses complices. Si Belfort n’avaitpas voulu coopérer. S’il n’avait pas décidéde travailler avec les autorités et qu’il n’avait pasplaidé coupable. Il aurait pu être condamné à 21,voire 27 ans de prison lors de son procès. – Finalement,Jordan Belfort s’en sort bien. Il écope de seulementquatre ans de prison. En revanche,tous ses biens sont saisis. Ses propriétés, son hélicoptère,ses comptes bancaires. J’ai pris toutce que j’ai pu trouver. Chaque dollar qu’il a gagnédepuis le début de ses activités, c’est de l’argent voléet il devait le rembourser. À son procès, Belfort a été condamné à rembourser plusde 110 millions de dollars à ses victimes. Le juge a fait quelquechose de très inventif. Il a demandé à ce que Belfortpuisse garder la moitié de ses revenus et donner le restepour rembourser les victimes jusqu’à ce qu’on arriveau total de 110 millions. Le juge a compris que Belfortavait la capacité de bien gagner sa vie. Si la justice lui prenait100 pourcent de ses revenus, il ne s’embêterait plus à travailler et les victimesne reverraient plus leur argent. – Après de nombreusesprocédures judiciaires, Jordan Belfort est incarcéré au débutde l’année 2002 dans une prison fédérale. Grâce à sa bonne conduite, il n’y restera que 22 moiset fera même une belle rencontre. Après toutes ces aventures,quand il finit par passer 22 mois enfermé dans l’une des pires prisonsdes États-Unis, en Californie. Il s’avère que son voisinde cellule est Tommy Chong, l’humoriste très connuaux États-Unis. Parmi tousles détenus du pays, il a fallu qu’il tombesur quelqu’un de célèbre. – Jordan a 40 ans et son rêveaméricain se termine ici en prison. Une fois de plus,il va rebondir. Il profite de son incarcérationpour raconter son histoire incroyable. Son enfance modeste,le culte de l’argent, les prises de drogues surhumaineset sa lente descente aux enfers. Tommy lui a conseilléd’écrire un livre sur sa vie et Jordan n’avait aucuneexpérience là-dedans. Il raconte qu’il a commencé à lireLe Bûcher des vanités de Tom Wolfe et qu’il a écrit des pageset des pages dans ce style. – À peine sortide sa cellule en 2004, Jordan publieson autobiographie qui se classe dansles best-sellers de l’année. Le Loup de Wall Street sera le pointde départ de son retour en grâce. Il sort de prisonfrais comme une rose. Ce livre lui donnepresque une bonne réputation. Il passe 22 mois en prison, et finalement,il en sort plus fort que jamais. – Dans le livre, Jordan Belfortexpose méticuleusement ses excès. Des 22 drogues testéesaux innombrables escortes girls. Il passe habilement sur ses escroquerieset lâche quelques remords de circonstance. Il y construit surtout le mythed’un surdoué de la vente. Mieux, il se présenteen victime du capitalisme. Il concèdeune seule erreur, avoir été aveuglétrop jeune par l’argent facile. Jordan Belfortn’a pas été victime du système. Il a tiré profit du système. – Jordan s’invente aupassage un surnom imaginaire, Le Loup de Wall Street,dont il n’a jamais été affublé jusqu’ici et qui sera reprisdans toutes les interviews. Hollywood se jettesur cette histoire glamour, faite d’excès,de sexe et d’argent à profusion. Leonardo DiCaprioet Martin Scorsese paient un million de dollarspour l’adapter au cinéma. Encore une histoire incroyable ! Qui d’autre que Jordan Belfort aurait pu finir jouer sur grandécran par Leonardo DiCaprio ? Quelle est la prochaineétape pour cet homme ? Président, il va être Président. – Le 25 décembre 2013. Le Loup de Wall Streetsort dans les cinémas du monde entier. L’ancien escroc devient une icône,un personnage presque sympathique. Jordan s’affiche au grandjour avec sa nouvelle femme. Derrière les paillettes, 1 500 victimesattendent toujours leur argent. Belfort dit dans les médiasqu’il a remboursé toutes les victimes. Il suffit d’aller vérifierau tribunal pour voir que c’est faux. Il a arrêtédepuis plusieurs années. Il doit toujours environ100 millions au gouvernement qui devraitaller aux victimes. J’attends toujoursmon chèque de Jordan. Il est sûrementdans ma boîte aux lettres. – Le tapage médiatiqueautour du film est une aubaine. Il en profite pour lancerun nouveau business. Il donne des conférenceset des interviews facturés à30 000 dollars de l’heure. Il propose même sa fameuseméthode de vente sur Internet. Une des plus grandes règlesque l’on m’a apprise sur le terrain c’est de ne pas appelerplus de deux ou trois fois le client. Laissez-moivous expliquer une chose. Souvent, c’est au boutdu sixième voire du septième appel que l’on arriveà vendre des actions. C’est sûr que beaucoupde jeunes hommes y vont. Ils ont enviede voir le personnage du film et pas celuiqui est allé en prison. Il a eu beaucoup de femmes,il a essayé plein de drogues, il avait tous ces gadgets. Ils veulentun peu lui ressembler. L’Amérique, c’est le pays des deuxièmes,voire des troisièmes chances. Dans d’autres pays, on resterait discretpar honte des fautes qu’on a commises. Aux États-Unis,il y a un marché pour ça. On aime écoutertout ce que les gens ont fait de mal. Vous agissez mal ?Allez en prison ? Leonardo DiCapriovous interprète au cinéma. Maintenant vous faitesde l’argent sur le dos des gens qui viennentpour vous rencontrer. C’est comme çaque ça marche dans ce pays. – Comme pour fuirWall Street et ses vices, Jordan Belfort s’est installé de l’autrecôté des États-Unis, en Californie, dans cette petitemaison face à l’océan. S’il n’a plus le trainde vie démesuré de ses 30 ans, Jordan savoureaujourd’hui sa victoire. Il a réussi à faire de son passé sulfureuxun fonds de commerce très rentable. Des milliers d’adorateursboivent jour après jour ses paroles. Le roi de la vente est de retour.

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