Est-ce que Zara fait travailler les Ouïghours ?
Quel est le plafond de N26 ? 2 500€ Quel est la crypto d Elon Musk ? En février 2021, Tesla avait annoncé investir 1,5 milliard de dollars dans le bitcoin. Une annonce qui avait fait bondir le cours de cette cryptomonnaie.22 juin 2022 Who is the most successful Bitcoin miner? Best Overall Bitcoin Miner: CGMiner The software was developed by Con Kolivas, a computer programmer on the Linux kernel. It is also a miner for other cryptos including Dogecoin and Litecoin.27 juin 2022 Pourquoi les autistes n’aiment pas le bruit ? Les personnes ayant un TSA ont une hypersensibilité sensorielle aux sons pouvant causer de l’anxiété et un état de panique. Le réflexe normal dans ces situations est de se couvrir les oreilles ou de porter des coquilles antibruit afin d’éviter de recevoir trop d’information sonore en même temps. Comment scanner un code QR avec PostFinance ? Via la PostFinance App Afin de payer la QR-facture via mobile banking, ouvrez la PostFinance App sur votre smartphone. Ensuite, scannez le code QR avec le lecteur de codes QR de l’application et exécutez le paiement.
Ce matin,je me rends dans un endroit que vous connaissez forcément. Un magasinque nous fréquentons tous. Pour beaucoup,c’est un incontournable lorsque l’on fait du shopping. Un choix de vêtementsincomparable et toujours renouvelé, une mode tendance et des prix très accessibles. Aujourd’hui,je ne suis pas venue pour acheter. Non, je suis venue travailler. Oui. J’ai décidé d’infiltrer la marquenuméro un dans le monde du prêt-à-porter. Zara. Je me suis faitembaucher en tant que vendeuse. Objectif, découvrirtous les secrets de la marque. Oh la vache ! C’est immense comme réserve. Quand ça ne se passe pas bien ? Ce sont mes premiers pas,dans Zara Land. C’est où ?Ouvre les yeux, écharpes, accessoires. J’ai l’impressionde ne faire que marcher, regarderet ne pas trouver. Je ne m’en sors pas. Le début d’un voyage insenséau cœur du géant mondial de la fringue. Paris, Tokyo,New York ou encore Rome. Zara est partout. Plus de 2000 boutiquesaux quatre coins de la planète. Écoutez bien ce chiffre. Près d’1 milliardde vêtements sont confectionnés par le groupe chaque année. Zara, c’est une sortede success story, de cas d’école qu’on aime bien. Zara, évidemment, vous allez vous direque vous connaissez tous. Comme nous, d’ailleurs. Avant de se pencher sur cette marque, avant de se pencher sur cet homme. Le fondateur de Zara. Il s’est inventé lui-même. Il a démocratiséle monde de la mode. Il a fait de nousdes accros à sa marque en nous vendantdes vêtements chics, tendances mais pas chers. En nous faisant venir et revenir toujoursplus souvent dans ces magasins. Du coup, ils nousen vendent des vêtements. Mais en coulisses parfois, Que nous vendent-ils, au juste ? La première foisque je crois qu’on a été copiés, c’est notre chemise oiseaux. Ils vont sortir la copie avant l’original. De la création des modèles,jusqu’aux arrière-boutiques, nous sommes passésde l’autre côté du miroir pour percerles secrets de Zara. Quand on s’intéresseà Zara et que l’on est journaliste, il ne faut pas s’attendreà être accueilli les bras grands ouverts. Pendant six mois,on a tout essayé auprès de Zara pour obtenirune autorisation de tournage. Téléphone, mail en français, en espagnol et à chaque fois,on a eu droit au même genre de réponse. En raison de la complexitéde l’emploi du temps de la société, il ne sera pas possiblede nous rendre visite. En gros, c’est non. Apparemment,ce n’est pas spécialement contre nous. La marque n’a quasimentjamais ouvert ses portes. Une opacité qui,fatalement, suscite la curiosité. Comme on est bien décidéà savoir ce qui se cache derrière Zara, le seul moyen que l’on a trouvé,c’est de faire partie de la maison. Cela tombe bien, car Zara recrute. Nous sommesau mois de novembre. Je commence mes recherches. Sur Internet,je trouve des dizaines d’annonces pour des postes de juristes,d’assistants directeurs de magasins. Mais aussi et surtoutdes postes de vendeurs. Quand on se rendsur le site de la marque, cela donne plutôt envie. Respire un bon coup.Le meilleur est sur le point d’arriver. Apparemment, si j’obtiens le travail,je ne serais pas qu’une simple vendeuse. Dès ton premier jour,tu travailleras en équipe, tes opinions seront écoutées,tu développeras ton potentiel et tu recevrasdes responsabilités. Quand on regardeles photos des employés qui ont tous le sourire aux lèvres,ça a l’air d’être le bonheur au travail. Travailler chez Zara,est-ce vraiment à l’image de ce qu’ils affichent sur le site ? Je vais vite le savoir. Quelques joursaprès avoir envoyé mon CV, je suis convoquéeen plein cœur de Paris, au centre de recrutement de Zara. Je ne suis pas toute seule. Dans la salle d’attente,plus de 30 candidats comme moi. Nous sommes tous là pour la même chose,décrocher un poste de vendeur chez Zara. On est tout ça ? Ici, pas le tempsde nous faire passer un par un. Mon entretien commence,enfin notre entretien. Nous sommes 15à passer en même temps. L’atmosphère est plutôt détendue. Avant de rentrer dans le vif du sujet,la recruteuse met les points sur les i. Chez Zara, le principe,c’est que tout le monde a sa chance. Ma capacité à vendrene serait donc pas déterminante pour décrocher un poste. D’ailleurs,dans la salle, beaucoup comme moi n’ont jamais été vendeurs. Neuropsychologue,femme de ménage, acteur en devenir. Rien à voir avec la vente. Mais ça ne semble pasgêner la recruteuse. Alors moi aussij’y vais sans complexe. J’avoue mon inexpérience. J’ai fait pas mal de stages,des petits boulots dans la mode, la restauration. Totalement disponible,s’il y a possibilité d’évolution, si possible bientôtque ça ne traîne pas trop. Quelques minutespour se présenter et au suivant. Je découvreque ce qui intéresse surtout la recruteuse,c’est notre motivation et notre endurance. Quand elle nous expliquepourquoi, elle est plutôt du genre direct. Le message est clair. De la motivation,il va en falloir chez Zara. Je suis encore loin d’imaginerce qui m’attend réellement. À la suite de cet entretien, je suis embauchée pour un CDD d’un mois et je commence tout de suite. C’est mon premier jour chez Zara. Je vaisdécouvrir l’envers du décor de la plus grande enseignede prêt-à-porter du monde. Mes débuts ne se feront pasdans l’un des magasins stars des beaux quartiers de la capitale, mais à une dizainede stations de la ligne RER. Dans un centre commercialde la région parisienne. C’est ici que je vais travailler. Un magasin immensede plusieurs centaines de mètres carrés, avec des milliersd’articles dans tous les recoins. À la caisse,l’une des responsables m’accueille. Oui. Oui. C’est partipour une grosse journée de travail. Mon planning a déjàété organisé heure par heure. Rangement des rayons,cabines d’essayage, ce n’est pas comme çaque j’imaginais l’emploi de vendeuse. Salut !- Bonjour, enchantée. Si je comprends bien,ce ne sont pas tant les clients que je vais gérer,mais plutôt les cartons de vêtements. Ma nouvellecollègue va me le confirmer. Tu as commencé chez Zara ? D’ailleurs, elle ne va pasme présenter la boutique. Elle m’emmèned’abord à l’écart des rayons, dans une pièce interdite au public. C’est toujours le même codepour rentrer dans la réserve. La réserve. Oh la vache ! C’est immense comme réserve. Des rangéesde plusieurs mètres, des étagères à n’en plus finir. C’est ici que je me rendraisquand il faudra réapprovisionner les rayonsou chercher une taille pour un client. J’essaye de me le refaire dans la tête. Pantalons, écharpesde l’autre côté, accessoires, jupes, robes, chaussures,tu as mis du temps à t’y retrouver ? Il y a intérêtà ce que ça rentre vite. J’essaie de tout mémoriser. Je ne comprends pas là. Ce n’est pas gagné. D’accord,entre là et là, tu as déjà 20 numéros ? Pour être très honnête,je n’ai pas franchement tout compris. Quand il va falloir que je reviennetoute seule, ça ne va pas être simple. Pour me faire la main, on m’envoie d’abordaux cabines d’essayage. Tu as d’autres conseilsà me donner en cabine ? C’est parti pour une heure. Bonjour, vous avez combien d’articles ?- Quatre. Je vais accueillir les clients. Bon essayage ! Ranger. Bonjour, combien d’articles ?- Deux articles. Accueillir les clients. Bon essayage ! J’arrive tout de suite, ça a été ?Je peux vous conseiller autre chose ?- Non, ça va, ça ira. Bonne journée ! Encore ranger. Vous voulez essayer, madame ? Bon essayage. Ça a été ? À l’heure de pointe,mieux vaut garder le tempo. Bonjour !- Cinq articles. Qui est-ce qui voulaitsavoir le prix de ça ? Oui, c’est moi.- 39,95 euros. Ça ne rentre pas.- Ça ne rentre pas ? Je vais vite comprendreque l’on garde un œil attentif sur mon travail, même de loin. Après le rush,je m’accorde une petite pause. Deux secondes,pour souffler un peu. Presque aussitôt,un autre vendeur vient me prévenir. Un responsable a notéque je ne faisais rien. Les ennuis commencent. Je suis restéecinq secondes comme ça. Mon collègue en sait quelque chose. Il s’est déjà faitplusieurs fois épingler. Pas question de ralentir le rythme. D’autant queje m’apprête à rentrer dans le dur. Le moment que je redoutais tantdepuis le début de cette journée. OK, en noir.Je t’amène ça tout de suite. Aïe !C’est l’épreuve de la réserve. Je dois trouver un sac. Non ! C’est où ?ouvre les yeux, écharpes, accessoires. Je fais la réserve de long en large. Cela fait prèsde trois minutes que je cherche. Ça, c’est hommes. La cliente doitcertainement s’impatienter. Je panique un peu. C’est là les sacs, OK. Sauf que des sacs noirs,il y en a des tas de différents. Reste encore à trouver le bon. Il m’aura falluen tout près de cinq minutes. Alléluia ! J’en ai trouvé un. Ça va êtrecomme ça toute la journée. Je ne vais pascesser de ranger en rayon, plier et courirdans la réserve et les cabines. À l’heure de la fermeture, je suis rincée. Il est 20 heures, le magasinferme ses portes. Bonne soirée à tous. Le magasin ferme,mais pour moi, ce n’est pas fini. Je dois encore remettreen place tout un rayon, j’ai une heure. Tout doit êtreau cordeau pour le lendemain. Une fois de plus,je n’y retrouve pas mes petits. Par contre, je ne trouve pas. J’ai l’impressionde ne faire que marcher, regarderet ne pas trouver. J’ai mal partout. Bilan, j’avais postuléà une annonce pour devenir vendeuse et résultat, j’ai passé le plus clairde mon temps à faire de la manutention. Si nous, les vendeurs,on passe notre temps à ranger les vêtements,qui s’occupent de les vendre ? J’ai tout compris le lendemain. La machine à vendrechez Zara, c’est le magasin lui-même. Salut,bonne soirée, rentrez bien ! C’est mon deuxième jour chez Zara. Aujourd’hui,je commence à midi. Le magasin a ouvertses portes depuis deux heures. Salut, ça va ? Alors que je m’apprêteà ranger mon rayon, grosse surprise. Je n’en reviens pas. Je ne retrouve plus rien. Les produits ne sont plusau même endroit que la veille. Entre hier soir et ce matin, des collègues ont refaitla mise en place du rayon. Apparemment,ça n’étonne que moi. C’est jouableque les rayons aient changé depuis hier ? Mais là, je pète les plombs,je ne trouve pas les trucs. Il va falloir que je m’y fasse. C’est comme çaplusieurs fois par semaine. Chaque semaine,ce sont donc des milliers d’articles qui déferlent en magasin. Un turnover permanent de nouveautés. De quoi susciter chez les clients une vraie frénésie d’acheter. Ils font ça pour que les gens se disent,il faut que j’achète, c’est ça ? De nouveaux pulls,de nouvelles vestes, des robes, des chaussures qui viennentsans cesse alimenter les rayons. Voilà comment Zara nous donnel’envie de venir et revenir sans cesse dans ses magasins,et ce, tout au long de l’année. J’y vaispratiquement toutes les semaines. Trois fois par mois. Quatre fois tous les mois. Trois fois par mois à peu près. Environ une fois par semaine. Il faut dire que la marque saitnous attirer avec des vêtements tendances dans l’air du temps, à des prixle plus souvent très abordables. Combien vous avez payé pour celui-ci ?- 25,95 euros. Vous trouvez ça cher ?- Non. Un petit T-shirt en linkaki, pour l’été, à 12 euros, honnêtement, c’est bon marché pource que c’est et en lin ça vaut le coup. Des produits sans cesse renouveléset des étiquettes très alléchantes. Cela vous paraîtpresque évident, banal aujourd’hui, tant de marques s’y sont mises. Mais ce système de vente,c’est Zara qui l’a inventé. Une idée née dans la têted’un homme il y a plus de 40 ans. Vous ne connaissezcertainement ni son nom, ni son visage. C’est normal. L’homme fuit les médias. Discret, voire invisible. Certains se sont mêmeinterrogés sur son existence réelle. L’homme qui se cachederrière Zara, le voici. C’est l’unede ses rares photos officielles. Son nom, Amancio Ortega. Aujourd’hui âgéde 80 ans, un self-made-man que rien ne prédestinaitau monde de la mode. Pourtant, c’est bien luiqui a transformé notre façon de nous habiller. Pour comprendre,nous sommes allés là où tout a commencé. Nous partons pour l’Espagne,dans la province de la Galice à La Corogne. C’est ici qu’Amancio Ortega grandit. Dans les années 50,ce n’est alors qu’un jeune adolescent qui n’a connuque la dictature de Franco. Celui qui deviendra le patronde Zara vit ici, dans ce quartier ouvrier de La Corogne. Il est issu d’un milieu modeste. Son père est cheminot. Son histoire, il l’a confiéeà cette femme, Covadonga O’Shea, directrice d’un grandmagazine de mode espagnol. L’une des raresà avoir décroché une interview d’Amancio Ortega,dont elle a tiré ce livre. “Ainsi est Amancio Ortega,l’homme qui créa Zara”. Elle se souvientencore de ce jour où il lui a raconté l’un des épisodesdéterminants de sa vie, alors qu’il n’étaitqu’un jeune adolescent. Le jour où il m’a raconté l’histoire on était en train de mangeret ses yeux se sont remplis de larmes. L’histoire d’un gaminsans le sou qui a un jour décidé de réussir dans la vie. C’était il y a près de 70 ans. En 1949,Amancio Ortega a alors 13 ans. Il se rend à l’épicerie avec sa mère, pour faire quelques provisions. Les fins de moisde la famille Ortega sont difficiles. La mère espère que la commerçantelui fera une nouvelle fois crédit. Mais ce jour-là,il en est autrement. Amancio n’a jamais oublié ce moment. La propriétaire a dit, “Josepha désormais,nous ne pouvons plus vous faire crédit”. Il s’est rendu compteque c’était une gifle pour sa mère, une humiliationet ça voulait dire que ce soir-là, il ne mangerait pas. Pour le jeune garçon, c’est le choc. Il se fait alors une promesse. À ce moment-là, il s’est ditça n’arrivera plus jamais à ma mère. À 13 ans,il quitte l’école sans aucun diplôme. Objectif, gagner sa vie. Il trouve un petit boulotdans ce magasin de chemises, Gala, comme garçon à tout faire. Amancio Ortega vient de mettreun pied dans le monde de la mode et n’en sortira plus jamais. Vers l’âge de 20 ans,il devient responsable de cette boutique, la Maja,l’une des plus huppées de La Corogne. L’un des produits qui se vend le mieux,c’est une robe de chambre comme celle-ci, très priséedes bourgeoises de La Corogne. Surprise,c’est ce vêtement banal qui va l’inspirer. Cette histoire,Javier Blanco la connaît bien. C’est moi en photoavec Amancio Ortega. Le journaliste a rencontré Ortegalors de son enquête sur le succès de Zara. Un succès qui partd’un coup de génie. Pourquoi ne pas s’inspirerde cette robe de chambre chic et en vendreune version à prix cassé ? D’autant que dans l’Espagnedes années 60, pour les femmes, c’est bien plusqu’un simple vêtement d’intérieur. Il n’y avait pasde chauffage dans les maisons, il faisait très froidet les femmes avaient l’habitude de descendre dans la rue en robede chambre pour faire leurs courses. Amancio Ortega sent qu’il y a un filonet décide de lancer sa propre affaire. Le concept fondateur de Zara est né. Au départ, c’est plutôt système D. Il crée son premier modèleet met à contribution Rosalia, vendeuse à la Maja. Elle deviendra sa femmequelques années plus tard. Pendant qu’elle coudles vêtements durant son temps libre, Amancio, lui, fait du porte-à-porteen parallèle de son travail. Il allait d’un endroità l’autre pour vendre. Il a commencéen Galice, d’abord à La Corogne. Puis, il allaità Barcelone de nuit, revenait le jour suivantpour transporter la matière première, le tissu, tout ce quilui servait à fabriquer ses modèles. Il m’a ditqu’il travaillait comme une mule. Un travail acharné, mais payant. Sa robe de chambre fait un cartonauprès des ménagères de l’époque. Il a abandonnéle vieux concept des robes de chambre qui ressemblaient à des sacs. Il a apporté du styleavec une qualité raisonnable et un prix accessible. Les affaires marchent tellement bien,qu’Amancio lance d’autres modèles. C’est la photo de l’une des premièresrobes de chambre de Amancio et Rosalia. Un modèle en soie, certainementinspiré d’un vêtement chic de l’époque. Voilà le concept d’Ortega. Une mode qui a de l’allure, mais à petit prix. Il va désormaisle développer à plus grande échelle. Après quelques annéesde porte-à-porte, il décide de passer à la vitesse supérieure. Il quitte son emploiet avec l’argent mis de côté, plus un petit emprunt,il ouvre sa propre usine sous le nom de Goa. Quelques années plus tard,sa première boutique à l’enseigne Zara. Une femme a vécucette ascension de très près. Elle était là dès les débutset vit toujours à La Corogne. Sonia Pinheiro est couturière, elle a fait toutesa carrière aux côtés d’Ortega, depuis l’âge de 14 ans. Elle a conservé quelques modèlesqu’elle confectionnait à l’époque. Une chemise de nuità manches courtes qui était assortie à un peignoir. Dans cette usine, Ortegaperfectionne son concept. Les affaires marchent fort. Ça, c’est une photooù on voit comment on posait les boutons. Regarde toutes ces robes de chambreet eux là, ils posaient les boutons. Tu ne le vois pas là,mais il y en avait beaucoup. Ortega voit plus grand. Il veut désormais habillerles femmes de la tête aux pieds. Pour rester dans la tendanceavec des produits bon marché, il va continuer à surfersur ce qui a fait son premier succès. Regarder d’abordce que font les autres avant de créerses propres modèles. Au départ, ça consiste surtoutà éplucher consciencieusement la presse féminine. Je me souviensde nombreux magazines qui venaient de Barcelone. Enfin, qui s’achetaient à Barcelone,mais qui n’étaient pas espagnols. Ils étaient français, italiens. Quand il dessinait des modèles,il s’inspirait de ces piles de magazines. C’est dans les magazinesqu’Ortega puise ses idées. Ses collections sonttrès inspirées par les grands créateurs. D’année en année, cela va mêmedevenir l’un des piliers de sa marque. Quarante ans plus tard,c’est toujours la même recette. J’en ai étéle témoin direct lors de mon immersion. Ça a été ? Moi aussi, vendeuse,on m’a encouragée à feuilleter les magazines. Ma responsable me le dit bien. Si un modèle me tapedans l’œil, il ne faut surtout pas que j’hésite à le lui montrer. Je décide alorsde la prendre au mot. Je retournela voir avec un magazine. J’ai vu un trucdans un magazine. Je ne sais passi ça t’intéresse, je te montre ça. Je lui montre ce manteau beige. Je te le laisse ? Ni une, ni deuxma responsable scanne la page du magazine et l’envoie directement au siège. Cela pourrait donnerdes idées aux designers. Qui sait ?Je suis aujourd’hui peut-être à l’origine d’un nouveau manteau Zara. En discutantavec mes collègues, il semblerait que la marque ne se contente passeulement de s’inspirer des concurrents. Parfois, elle iraitmême beaucoup plus loin. Le mot copie a été lâché,et il n’y a pas que mon collègue qui est de cet avis. C’est ce que dénoncentcertains sites Internet spécialisés. Zara copieraitdes grandes marques du luxe. Ils appuientleurs propos avec des photos. Comme cette paire de chaussuresvendue 720 euros chez Prada. Voici celles vendueschez Zara, très ressemblantes, elles sont vendues 80 euros,neuf fois moins chères. Ces sites ne manquent pas d’exemples. Comme ce hautde la créatrice Isabel Marant. Regardez bien celui de Zara. Ou encore,ces chaussures de soirée. Essayez de devinerlesquelles sont des Louboutin, lesquelles sont des Zara. Face à ces accusations de plagiat, la marque ne faitofficiellement aucun commentaire. Quand Covadonga O’Shea a poséla question au grand patron, Amancio Ortega, il s’est défendu de copierquelque marque que ce soit. Lui, ne disait pas qu’il copiait. Il y a un passage dansmon livre dans lequel je dis “Amancio,tu copies tout ce que tu vois”. Il me répond,”Non, je m’inspire”. Reste à savoir où s’arrêtel’inspiration et où commence la copie. En tout cas,pour certaines marques concurrentes, la méthode pose questionet il est bien difficile de lutter face au mastodonte espagnol,surtout pour les petits créateurs. Philippe et Marguerite Bartherottele savent mieux que personne. Frère et sœur, ils ont lancéleur marque il y a cinq ans, G.Kero. Très vite repéréepour des chemises aux imprimés colorés et loufoques. Mais elles n’ont pas tapéque dans l’œil du public. D’autres marquess’y sont intéressées de très près, et notamment Zara. Depuis, dès queMarguerite dessine de nouvelles créations, elle a une hantise,retrouver sur le marché des modèles inspirés des siens. C’est vraiment du vol. C’est comme si j’étais une vieille dame dans la ruequ’on partait avec mon sac. Ça me rend triste. J’ai envie de crier. Voilà ce qui meten colère Marguerite et son frère. La première foisje crois, qu’on a été copié, c’est notrechemise oiseaux, Birds. C’est une chemise,très simple, cette simplicité de mettre quelquesoiseaux bleus comme ça sur une chemise. C’est Marguerite, la créatricede G. Kero qui l’a inventée. Or, ce motif d’oiseaux sur une chemise, on le retrouvedans une version Zara, avec le même agencementet les mêmes codes couleurs. Simple coïncidence, peut-être. En tout cas,quelques collections plus tard, quand Marguerite Bartherotte dessinedes ballerines, Zara aussi. Le comble du comblepour ce modèle, c’est que selon Philippe, la marque espagnoleles a même pris de vitesse. La chemise est déjà en ventealors que nous elle n’est pas sortie. Elle est déjà chez Zara. Pour la jeune marque,difficile de faire face à la force de frappedu leader mondial du prêt-à-porter. On présente nos collectionsquasiment un an à l’avance, un an avantqu’elles ne soient commercialisées, et les chaînesde grande distribution telles que Zara et compagnie,ils envoient des gens flairer ce qui se passe sur les salons, un an à l’avance. Eux, leurs capacitésde production, c’est de produire quelque chose en deux mois. S’ils décident de vous copier, ils vont sortirla copie avant l’original. Philippe s’inquiète aujourd’huiquant à l’avenir de sa toute jeune marque, d’autant que d’autresont emboîté le pas de Zara. Ça, c’est le zèbre Monoprix. Ça, c’est notre zèbre à nous. Ça, ça pourrait être G. Kero, mais c’est Promod. Voici la versionde Marguerite et Philippe. Il faut se penchersur les détails pour voir la différence. La composition graphique est reprise. Ils ont habillé les personnages,ils ne pouvaient pas faire kamasutra ils ont changé la couleur. Tu vois ce petit traitpar exemple qui est dessous ? Il est dessous exactement là. Tu as les triangulaireset tu as les mêmes espacements. Si on ne vous connaît pas,que vous êtes un tout petit créateur, que vous êtes copiéune, deux, trois, quatre, cinq fois,qu’on ne parle pas de vous et que vous voyez tout le tempsles copies promues dans la presse, ça fait un peu mal. Ce n’est pas un manqueà gagner, c’est une condamnation à mort. J’ai fait plein de trucs. La goutte d’eauqui a fait déborder le vase, c’est la sortiede ce T-shirt enfant chez Zara, il y a quelques mois. Une ressemblance frappanteavec celui de la marque G. Kero, lancée un an plus tôt. Face à de tels constats,nous avons demandé l’avis de Zara. Nous avons observéque plusieurs marques vous accusent de copiercertains de leurs modèles. Nous avons constaté,par exemple des ressemblances surprenantes entre des modèlesde la marque française G. Kero et ceux de Zara. Nous souhaiterions avoir votre avis. Zara n’a à ce jour,pas répondu à notre mail. A priori, on pourrait penserque dans l’industrie de la mode, copier un concurrent,c’est prendre le risque d’une attaque en justiceet d’une grosse amende. Mais prouver à un jugequ’il y a bien eu copie, c’est beaucoup pluscomplexe qu’on ne le croit. Pour ce manteau, par exemple, la marque Sandro a porté plainte contre Zara. Elle pointait du doigtcertaines ressemblances le haut du manteauen cuir style motard, les boutons-pression aux extrémités, Et le bas en laine. Face à tous ces éléments,le tribunal a condamné Zara. La marque a dû payer 120 000 eurosà Sandro pour concurrence déloyale et 80 000 de plusen réparation du préjudice. Mais n’allez pas croireque cela se passe toujours comme ça. Des marquesqui ont perdu contre Zara, il y en a, et mêmede très prestigieuses, comme le célèbre chausseurparisien Christian Louboutin. On reconnaît ses créationsgrâce à sa fameuse semelle rouge que l’on retrouvesur tous ses modèles. La marque l’a mêmedéposée pour la protéger. A priori, on pourrait donc penserque Louboutin est la seule marque autoriséeà en faire sa touche personnelle. Regardez cette paire d’escarpins Zara. Ça ne vous rappelle rien ? Peut-être ce modèle de chez Louboutin, même formeet mêmes semelles rouges. Le chausseur parisien a décidé d’attaquer. Mais après des annéesde procédure, il a perdu son procès. La justice a estimé que ni la formeni la couleur de la semelle rouge déposée ne sont déterminéesavec suffisamment de clarté, de précision et d’exactitudepour être de nature à lui conférer un caractère distinctif propre. En clair, Louboutin n’a pasle monopole de la semelle rouge. L’affaire est remontéejusqu’à la Cour de cassation et c’est finalement Louboutin qui a étécondamné à verser à Zara 2 500 euros pour les frais de procédure. Dans le monde de la mode, les litiges de ce typese règlent au cas par cas, à l’appréciation des juges. Mais rien n’empêcheni n’interdit en tout cas à Zara, de s’inspirer de toutesles tendances du moment, pour nous faire veniren masse dans ses magasins. Voilà commentla marque espagnole s’est imposée à l’échelle mondiale. Il est loin le tempsdu petit magasin à La Corogne. Aujourd’hui Zara,c’est plus de 2000 points de vente à travers la planète. Un modèle cité en exempleet enseigné dans les plus grandes écoles de commercedu monde, comme l’Essec à Paris. Jérôme Barthélémyest professeur d’économie. Ce qui va rester,c’est tout le système qui a été misen place par Ortega. Il a fait du système Zarale sujet d’un de ses cours. L’originalité de Zara,c’est qu’ils ont pris à contre pied un certain nombre d’idées reçues. Plutôt que d’être,finalement, générateur de mode, on va être plutôtsuiveur de tendance. On va voirce qui marche et on va s’adapter. Pour coller sans cesseau plus près de la tendance, Zara a accéléré le tempo de la mode. Terminées les deux collections par an. Printemps, été, automne, hiver. Désormais,c’est toutes les semaines. C’est ce quel’on appelle la fast fashion. Zara fait partiede ceux qui l’ont inventé. Zara parvientà repérer des tendances. À sortir des produitsapprochant de ce qui marche, en moins de 15 jours. Pour tenir le rythme, Zara a misen place une organisation redoutable. À La Corogne, derrière les mursde son siège, 250 stylistes crayonnent toute l’année,les futurs bestsellers. Pour approvisionnerles magasins du monde entier, tout est centralisédans d’immenses entrepôts. Voici ce que l’on découvredans cette vidéo promotionnelle. Un bâtiment gigantesque,l’équivalent de 18 terrains de football. Le cœur du réacteur,c’est leur entrepôt logistique, totalement internalisé. Cela leur permetde réagir très rapidement. Cent-dix kilomètresde rails permettent d’acheminer des millionsde vêtements triés en fonction des besoins à l’instant Tde chacun des 2000 points de vente. Chaque vêtement est suivià la trace jusqu’à son étagère en magasin. Un système entièrement sous contrôle. Ce rythme effréné ne s’arrête pas là. En boutique aussi,il va falloir garder le tempo et vendre toujours plus. C’est là-dessusque repose tout le système. Cela fait maintenant deux semainesque je suis vendeuse chez Zara. Ce matin, en déballantles cartons de nouveautés, je vais comprendreque depuis l’Espagne, Zara contrôle toutesses boutiques dans les moindres détails. Voici ce qui vame mettre la puce à l’oreille. Une collègue en trainde photographier les rayons. Pourquoi tu prends des photos ? Si ne ça va pas, elle dit quoi ? Quand ça ne se passe pas bien ? Chaque magasin doit rendre des comptessur la mise en place des rayons. Mieux vaut respecterà la lettre les instructions. Le siège envoiedes modèles à suivre. Rangement par couleur,emplacement à respecter. Tout est pensé pour nous donner l’enviede nous habiller des pieds à la tête, du manteaujusqu’aux chaussures. Il semble même que la directionorganise des inspections en boutique. Quand on a des visites ? Ils viennent ici ?Ça se passe comment ? Justement, en ce moment, mes responsables craignentde se faire taper sur les doigts. Elles nous convoquent pour une réunion. Les chiffresdes ventes ne sont pas bons. Quatre-mille eurosen-dessous des objectifs. On nous demande d’être plus offensifavec les clientes pour booster les ventes. Comment on fait ? Par exemple,aujourd’hui, il n’y a pas de gens. Tu fais quoi ? Ce discours suffira-t-ilà relancer les ventes du magasin ? Je n’en serais pas plus,car pour moi, terminé le pliage de pulls, et les courses en réserve. Mon expérience de vendeusechez Zara s’arrête ce soir. Mais la méthode est sans doute efficace, si l’on en croit les chiffres. En 2015, les ventes de Zaraont augmenté de plus de 17 pourcent. Des milliersde clients franchissent chaque jour les portes d’un Zara. Les cols roulés,je les ai déjà tous. Toute une génération en a même faitl’une de ses marques références. La jupe, j’aime bien, ça peut être stylé. Oui, c’est vrai que c’est joli. Je vois plein de fillesavec celui-là en ce moment. Comme Kristina et Annaëlle. Elles ont 25 ans et sont étudiantes. Comme à chaque fois,quand les deux amies vont chez Zara, elles ne repartentjamais les mains vides. Des boucles d’oreilles,super mignonnes, j’ai bien aimé et une petite jupe noire toute simple. À peine 10 euros,super tendance. J’en ai eu pour,boucles d’oreille et une jupe 20 euros. Il suffit de jeter un coup d’œildans le dressing de Kristina pour comprendre. Alors là, j’ai tout ça jusqu’ici. C’est du Zara. La plupart sont des vestes. Là on a tout ce qui est pulls. Toute cette pile là, c’est Zara. Ici pareil,j’ai des petits hauts en dentelle, des jupes, il y a différents styles. Il y a la petite jupe à paillettes,la jupe de tailleur, j’ai des robes, des hauts, des pulls. Tout ce que vous voyez là,les trois piles ici, c’est Zara aussi. J’ai un cuir. J’ai une veste.- Façon Chanel. Voilà, tu as remarqué ? Le bomber, c’est trèsà la mode aussi, on en voit partout. Je ne sais pas commenton pourrait définir, cardigan. Très classe aussi. Petit blazer rouge. Plus de la moitiéde mon armoire, c’est du Zara. Et pour cause, elle s’y rendtrois fois par mois en moyenne, Même avecun budget d’étudiante, elle trouve toujoursquelque chose à acheter. Ici, ce sont les tops. On va voir un blazer à 29,90 euros et on va faire cinq mètresun peu plus loin et on va voir un autre blazer à 79 ou 80 euros. Tout le monde peut y aller,les petits portefeuilles et les plus gros. Ce qui plaît aussià ces deux fans de mode, ce sont les imitations de pièceshaute couture, comme cette veste noire. Ça, ça fait penserà la petite veste Chanel. C’est la matièrestyle Chanel, avec les petites épaulettes qu’ils ont dûcustomiser quand même à leur sauce ils ne peuvent pasfaire du copier-coller. C’est pour ça que ça plaît aussi. Oui, on se sent à la mode sans rentrer dansdes sommes astronomiques. C’est-à-dire que ce manteau-là, je l’ai acheté quasiment 120 euros. Celui de chez Chanel,il vaut plusieurs milliers. On se sentquand même à la mode, jolie, féminine et dans l’air du tempssans devoir débourser des sommes. Après 120 euros,ça reste une somme. Comme elles, des millions de femmescraquent régulièrement chez Zara. Un T-shirt plutôt, non ? Il y en aqu’une partie, mais c’est envahi. Pour nous attirertoujours plus dans ses magasins, la marque ne se contente pasde s’inspirer des grands noms du luxe. Elle en a aussi repris les codes. Ça commencepar l’apparence des vitrines. Dans l’univers de la mode,les vitrines jouent un rôle majeur dans le succès d’une marque. Zara l’a bien compris, et l’a intégrédès le début dans sa stratégie. Dès le début,les vitrines étaient fabuleuses. Ici, on a vudes animaux vivants dans les vitrines. D’ailleurs,la SPA protestait contre ça. Il y a des vitrinesqui reproduisaient des scènes de théâtre. D’autres,comme des bateaux. Parce que les vitrines sontfondamentales pour un magasin. Dans le magasin où je me suis faitembaucher comme vendeuse, c’est aujourd’hui que les nouvellesvitrines sont mises en place. Un travail réalisépar des étalagistes, tous salariés du groupe,comme cette femme que j’interroge. Excusez-moi, bonjour. J’ajoute la décorationaussi dans les vitrines. Le problème, c’estqu’il faut savoir bricoler. Commentvous choisissez les vêtements ? Ça met combiende temps de faire une vitrine ? Merci beaucoup, en tout cas. J’aimerais trop faire ça. Oui ça a l’air bien, non ? Pour que l’image de Zarasoit la même partout dans le monde, il faut doncune force de frappe incroyable. C’est au siège de La Corogne,une fois encore, que tout se décide. Mark Tungate est britannique. Il a écrit surles grandes marques de mode, dont Zara. Il est l’un des rares à avoir pénétrédans les locaux du géant espagnol. Il se souvient bien des sous-solsoù sont pensées ses vitrines. Ils ont toutes une rue de vitrinesqui s’appellent les magasins pilotes. C’est commeune sorte de village hanté de voir une ruede magasins Zara avec chacun, différentes vitrinesen train d’être montées. Ils créent avec leur équipe,l’image qui va être l’image de la saison. C’est transmis à tous les magasins,un peu un peu partout dans le monde. Un sous-sol comme un laboratoire,dédié à la création des vitrines. Ces magasins fantômes sontune exception dans le monde de la mode. Nous avonsrendez-vous avec Steeve Jomaa. Il est architecte et dirigeune agence spécialisée dans l’aménagement des boutiques. Ses clients sontdes concurrents de Zara, comme Celio,Jennifer ou Cache-Cache. Avant de proposerl’expérience magasin à l’intérieur, il fautque les gens rentrent. Ça se fait à travers la façade,l’architecture de la façade, les vitrines. Les propositions de silhouettesen vitrine sont des éléments de langage qui permettentde faire rentrer des gens. Une fois que le client est rentré, on va lui proposer un parcourset chaque meuble va être étudié. Pour Zara,ces éléments sont indispensables pour séduire le consommateur. Mais la marque va plus loin. Elle investit aussidans des emplacements situés dans les plus célèbresartères commerçantes du monde. On a sur des emplacementsnuméro un, leurs ouvertures sur la cinquième Avenue,sur les Champs Élysées, sur le faubourg Saint-Honoréqui sont des emplacements prestigieux. On est sur des grands volumes,c’est une des particularités, puisque la plupartde ces enseignes avaient des magasins peut-être de 200ou 300 mètres carrés. Zara est arrivé avec des gros magasinsde plus de 500 mètres carrés. Aujourd’hui,1500 mètres carrés. Pour s’offrir de tels emplacements,la marque ne lésine pas sur les moyens. Elle aurait débourséplus de 300 millions d’euros pour sa boutique situéesur la cinquième Avenue, à New York. Steeve Jomaa nous emmènedevant la boutique Zara, située rue de Rivoli à Paris,pour décrypter les points forts de la marque. Dans les vitrines,on trouve des mannequins qui peuvent coûter jusqu’à1000 euros pièce, contre 100 en moyenne pour un mannequin traditionnel. On a des typologiesde mannequins, comme on peut voir chez Chanel, Chloé ou Vuitton,avec des constructions très minimalistes, des choix de mannequinstrès épurés, des jolis détails. On a des attitudesqui ne sont pas celles de tous les jours,on a des attitudes très élégantes, très féminines,on dirait presque des danseuses. On voit ici, le soinsur cette posture au niveau des mains, le cou qui est un peu plus allongé,la tête et l’attitude, le stylisme avec ce sourcilqui est très simple et très minimaliste. On est dans quelque chosequi est presque artistique pour moi. C’est assez poétique,on raconte une histoire et pour le coup, c’est quelque chosed’efficace parce que dans la mise en place de cette vitrine,c’est beaucoup plus simple d’avoir qu’un cil à mettreque mettre une perruque, que de maquiller, qui sontdes choses qui sont parfois trop lourdes. Pour le coup, Zara esttrès efficace avec ce genre d’attitude. Pour accentuerencore plus cette impression de luxe, les vêtements misen avant chez Zara, sont choisis parmi les plussophistiqués de la collection. On est rue de Rivoli,dans une rue parisienne très populaire. Pourtant,on a sur la vitrine numéro un, un choix de produitset une présentation qui est très chic. On est plutôtsur des robes du soir, on n’est passur des robes de tous les jours. Mais c’est le messagequ’envoie Zara à l’ensemble des gens. C’est cette imagetrès chic, très élégante. On envoie les codes du luxeà l’ensemble de la population. Lorsqu’on va rentrer,on va plutôt s’acheter des vêtements de tous les jours, un jean, un pull,car il fait froid aujourd’hui. Ses vitrinesque l’on repère tout de suite, ses magasins situés dans les plusbeaux quartiers sont pour la marque sa meilleure publicité. Quarante ansaprès l’ouverture du premier Zara, le groupe a donc bien changé. Il produit aujourd’hui prèsd’un milliard de vêtements par an. Pour répondreà la demande grandissante, Zara ne produit plusseulement en Espagne. Elle confie une partiedu travail à des sous-traitants, notamment à l’étranger. Juan est à la têted’une association en Galice qui dénonce la délocalisationdans le monde de la mode. Il nous proposede l’accompagner dans une boutique Zara. On peut entrerpour vérifier les étiquettes et voir d’où ça vient. Nous le suivonsen caméra cachée. C’est un mythe de direque la plus grande partie de la production est fabriquée en Espagne. Je pariequ’on ne va trouver aucune étiquette ici qui dit fabriqué en Espagne. Turquie. Turquie. Maroc. Chine. Espagne,on ne va pas en voir une seule. Le Pakistan,c’est un pays où il est connu que les travailleurs n’ont aucun droit. C’est pour çaqu’ils font fabriquer là-bas. Aucune étiquette en Espagne. La marque, elle,se défend de délocaliser massivement. Près de la moitié de la productionserait réalisée en Espagne ou à proximité, comme au Portugal ou au Maroc. 14 pourcentdans des pays voisins comme l’Italie ou la Roumanie et 35 pourcent en Asie. Enfin, 2 pourcent en Amérique du Sud. Comment sont confectionnésles vêtements Zara dans ces usinesétrangères sous-traitantes ? Pour le savoir,direction la Tunisie. L’un des pays où Zara sous-traiteune partie de sa production. Dans la ville de Monastir,à 200 kilomètres de Tunis, la capitale. C’est le premier pôlede production textile tunisien. Ici sont concentréesplus de 450 entreprises de confection. C’est à Mahdiaque Wassim Salia se rend chaque jour. Cet ancien ouvrierd’une marque de jeans a investi 1 500 eurospour monter une usine de textile. Il fabriqueen grande partie des vêtements pour Zara. Comme dans l’ensemblede l’industrie textile en Tunisie, la plupartdes employés sont des femmes. Des ouvrières entre 20 et 45 ansqui travaillent 48 heures par semaine avec un seul jour de congé. Ici, chaque pôlede production a son contrôleur ou sa contrôleuse. En ce moment,tous ces effectifs sont mobilisés sur une très grossecommande de chemises pour Zara. C’est une chemise Zara,c’est une chemise pour femmes Zara, avec la tailles, on contrôle, on le met dans le sachetet après on va envoyer pour l’export, on fait un auditet après on l’envoie. Il faut en livrer 10 000 exemplaires. On s’est habitué. Au début, c’était difficile,mais petit à petit, on s’est habitué. Oui, je me suis habituée. Cette commande est importantepour Wassim et l’avenir de son usine. Pas question de livrerun produit mal fini, il vérifiechaque étape de la confection. Ici, on prépareles tracés pour les salles de coupes et les placements automatiques. Le modèle de la chemisequi est en chaîne, il y a 22 pièces. Le dos, l’avant gauche, et l’avant droitet les empiècements et les poches et toutes les pièces du modèle. Ici, on fait le contrôleet le lancement par pièce. Avant, les manches,et les petites pièces, les cols, les lichettes,les poches et les rabats. Là, les filles fontle lancement, l’étiquetage par pièce. Pour obtenir un rendementoptimal, chaque ouvrière est chronométrée. C’est ce qu’on appellele travail à la minute. Son téléphone portable en main, Djamillane quitte pas des yeux son chronomètre. Au-delà de 38 minutes par chemise,l’entreprise perd de l’argent. En trois minutes,tu as fait huit pièces. Tu sais ça ?Il faut que tu ailles plus vite. Chacune a son rythme. On les chronomètresur trois minutes et on fait une moyenne sur l’ensembledes couturières. Il y en a unequi peut te faire un rendement à 40, une autre à 30, une autre à 20. Avec tout ça, on fait une moyennepour calculer le rendement horaire pour chaque pièce. Le rendement est meilleur grâce à ça. Les filles démarrenttrès bas, 20 ou 30 pièces. Petit à petit, ça augmente. Pour ces ouvrières,pas question de perdre le rythme, d’autant que leurs performancessont notées sur un tableau au vu de tous. Là, je mets toutesles heures de toute la semaine, du lundi au samedi. Avec ce système,les filles progressent forcément. Pas besoinde leur mettre la pression. Elles comprennentqu’elles doivent avoir un bon rendement et surtout un rendement régulier. Ces femmes sont payées 160 euros par mois,un peu plus que le Smic tunisien. Si leur rendement est bon,elles recevront un bonus de 45 euros en fin d’année. Ces faibles coûtsde production permettent en partie à Zara de vendrecette chemise à 29 euros. Vous ça vous coûtecombien à la fabrication environ ? Environ 12, 13, 14 euros. Je ne sais pas exactement,c’est dans mon bureau, c’est le secret de travail aussi. Peut-être les clients n’aiment pas. Comme beaucoupde sous-traitants, Wassim est soumisà des contrôles réguliers. Pas question pour les marquesd’être salies par des scandales sur les conditions de travail. Le patron veut nousmontrer qu’ici tout va bien. Aujourd’hui,l’avenir de l’usine et de ses 350 salariés dépend beaucoupde la marque espagnole. Le groupe représente 90 pourcentde son volume de commandes. Dans le contexte actuelque traverse la Tunisie, difficile pour le chef d’entreprisede ne pas répondre aux exigences du géant espagnol. Pour Wassim, cette relationde dépendance est compliquée mais pour le moment rentable. L’année dernière,son usine a réalisé un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros. Mais toutesles entreprises qui sous-traitent à d’autres grandes marquesde mode ne connaissent pas le même sort. Ce n’est passans conséquences pour leurs employés laissés sur le bas côté. Fatia était couturièrependant 28 ans dans cette usine. Un sous-traitant belgepour des grandes marques de mode. Elle passait48 heures par semaine dans cette usine aujourd’hui fermée. Un beau matin de 2013,en arrivant au travail, Fatia a trouvé le portail verrouillé,l’usine n’a jamais rouvert ses portes. Ça me fait bizarre. On déjeunait là,on s’asseyait ici avec les collègues. Il y avait une filejusqu’au bout du trottoir. La chef venait nous voirpour vérifier le rendement. Elle regardait ta fichede rendement et te l’envoyait à la figure si tu ne travaillais pas bien. Elle disait”C’est quoi ce rendement que tu me fais ?” “C’est pas du boulot ça”. Si tu n’es pas contente, tu t’en vas. Quand l’usine a fermé,plus de 2500 salariées ont été mises au chômage forcé. Soueida, elle aussi,a travaillé toute sa vie ici. Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? J’ai travaillé ici 24 ans. On nous a viré,mon mari et moi. On travaillait tous les deux ici. Maintenant, on estdes chômeurs, on reste à la maison. Je suis tombée malade à cause d’eux. Je travaillaissur quatre machines en même temps, et je n’étais pasla seule à faire ça. Mes collègues étaient aussi obligésde le faire pour optimiser le rendement. Le rendement, c’est tout cequi comptait pour nos supérieurs. Des femmes en colèrequi ont décidé de se défendre, comme 310 de ses collègues,Fatia a saisi la justice. Soutenue par le Forum Tunisienpour les Droits Économiques et Sociaux, elle a porté plaintepour licenciement abusif contre le sous-traitant belge. En juin 2014, le tribunal de grandeinstance de Monastir a condamné le groupe à payer prèsde 1 800 000 euros de dédommagement. Je suis venue pour voir cequ’il en est par rapport à notre affaire. Aujourd’hui, elle souhaite savoircombien elle va toucher personnellement. Je suis làau nom de mes collègues. C’est Mounir Hassine qui gère le dossier. Pour vous communiquer leurs revendicationset vous poser leurs questions. La décision de justice a été publiée. Elle comprend la totalité de vos droitset indemnités que vous doit la société. Le total de vos droits représente25 000 dinars dont 22 000 dinars d’indemnités et donc 3 813 dinarsde salaires qui vous sont dus. Je te les donne. Il y a les congésnon payés, les congés annuels, la prime vestimentaireau travail et la prime de rendement. Le total c’est résumé ici,regarde Fatia, c’est 3813 dinars. Toi,ta part sera de combien ? Trois cent dinars. Je trouve que ce n’estpas beaucoup. Qu’ils ne s’éternisent pas. Ça traînedepuis longtemps déjà. Malgré le jugement renduil y a deux ans, la justice est incapablede le faire appliquer car les dirigeants de l’entreprisebelge ont quitté le pays. On ne peut pas exécuter le jugementparce que l’usine ne laisse rien derrière. Parce que si on voit son usine,par exemple, le local est loué. Tout ce qui est matériel,ça veut dire des camions et tout cela sont loués aussi, on laisseseulement les machines à coudre. Ce sont de vieilles machines. Des ferraillesqui sont vendues le plus bas possible avec les plus bas prix. Selon Mounir, c’est la pressionexercée par l’industrie du textile qui entraînede mauvaises conditions de travail chez leurs sous-traitants. Ils font des pressionspour que le prix baisse. Les usines qui fontla confection n’ont pas le droit de négocier les prix. Soit ils acceptent, soit ils disent,on va vendre en Chine, on va vendre au Bangladesh. Il y a toute une tendanceà l’échelle internationale dans ce marché de mondialiser ce qu’on appelle les conditions de vie les plus pauvres. Mais pour Fatia,le combat n’est pas terminé. Des organisations s’apprêtentà saisir la justice belge. J’espère qu’on aurade meilleures nouvelles la prochaine fois. Je l’espère vraiment Fatia.N’ayez pas peur les filles. Nous,on veut changer les choses. En attendant,Fatia est sans emploi et donc sans salaire. Ce qui a aussi faitla renommée de la Tunisie dans le textile, ce sont ses usines de teinture. À Masdour,à 20 kilomètres de Monastir, Maya Dayuraouiest la directrice de l’usine. On fait la teinture icipour la SIP Confection. Pour d’autres aussi ? On travaillemême pour d’autres clients. Il y a beaucoup de clients,il y a Garcia, on travaille pour Swift, on travaille pour Gazucci, Il y a beaucoup de marques. Pour Zara, aussi ? Même aussi pour Zara,on a commencé cette année. Elle travaillepour de nombreuses entreprises de textile, dont des sous-traitants de Zara. On fait la teinture,après on fait le contrôle. S’il y a des taches qui restent,on fait le lavage une nouvelle fois. Après,on arrive ici aux finitions. Ça, c’est la fin ? Ça, c’est la fin, c’est fini,on fait l’export directement. De la teinture aussi ? Oui, la teinture. Vous faites toujoursd’abord la teinture ? Vous recevezcomment les pantalons ? Les pantalons bruts puis la teinte. Jeans, pantalons, chemises, mieux vaut être compétitifpour décrocher le business. Je penseque les gens jouent sur le volume. Ils jouent sur le volume,ils essayent de gagner sur la productivité, Ils essayentde gagner à droite et à gauche, mais sur les salaires, ça m’étonnerait. Sur quoi exactement alors ? Sur les achats,sur la vitesse, sur la gestion. Acheter rienqu’une fermeture à glissière, on négocie au centime d’euro. C’est comme que ça se passe. Pour la vitesse, ça veut direque les ouvriers travaillent plus vite ? Moins de pauses ?Comment ça se passe ? Je pense que le rendement devientimportant, donc les gens font attention à la productivité, au rendement,quand on travaille avec un groupe comme Inditex. Est-ce que ce n’est pas durpour des entrepreneurs comme vous ? Vous n’avez pas l’impressiond’être pris en otage, un peu par ça ? Les usines cherchentà remplir leur usines. Comment ils font ?Ils sont obligés d’avoir un mix sur leurs clients, donc il y a Inditexqui vous donne du volume. Mais il y a certainement d’autres clientsen parallèle, avec qui vous avez un peu de marge. Je pense que ce n’est pas de l’esclavage,ni rien du tout, ni de l’exploitation. Je pense que c’est la loidu marché, il faut qu’on s’adapte aussi. Le jour de notre tournage, l’usine doit teindre les chemisesconfectionnées par Wassim pour Zara. Ici, c’estnotre laboratoire. Ces trois machines-là,ce sont les machines pour la teinture. Ici, c’est la machine,on va tourner les chemises de Zara. Elle vient dechez Wassim, c’est cette chemise-là. Nous, ici, on faitle triage, on met dans les chariots. C’est Mahmoud, le responsable,il va tourner la machine avec le colorant. Ils sont là les colorants,ce sont des colorants directs. Par exemple,tu as le rose ici, tu as le beige. Ça, c’est par exemplepour la chemise Zara ? Par exemple ça,pour la chemise Zara, le beige. Le résultat final. C’est un échantillon, ça. Donc là,c’est le résultat ? Le résultat final. Avec la coloration ? Regarde, avec l’étiquette,avec le prix, c’est 29,95 euros. Pour nous, ça a couté deux euros. C’est le coûtde lavage, deux euros. Ça ne vous semble pas disproportionné ? Non, c’est normal.Nous, on ne cherche pas ces trucs-là. Vous ne vous dites pas,qu’ils exagèrent de vendre si cher ? Non, normalement,une personne quand elle travaille, elle fait les chemisesou les pantalons, c’est son profil. Je ne cherche pas,je ne dis pas qu’il a gagné. On travaillepour gagner de l’argent. Non on paie bien, même les ouvrierset les responsables, on les paie bien. Pour obtenirtoutes ces couleurs, de nombreuxproduits toxiques sont utilisés. Il suffit de regarderles bidons que l’on retrouve dans l’usine, pour comprendre. Des agents chimiques,des fixateurs, de l’acide acétique très corrosif pour la peau,les muqueuses ou les poumons. Ils doivent être manipulésavec précaution. C’est le produit qui blanchitle pantalon, la partie usagée qui est dans le blanc. C’est ça qui est dangereux ? C’est pour ça que j’ai les gants,ça peut facilement attaquer l’estomac. Une majorité de maladies,de cancers, proviennent de ces produits. Ils ont des masques ? Ils utilisent des masques. Et les gants ? Les gants seulement pour la peau. Comment ? Normalement, on les utilise. Normalement,il faut utiliser les gants. Pourquoi,ils n’en ont pas là ? La mentalité des ouvriers… Ici, ces produits sont parfois manipulésà mains nues et sans aucune protection. Pourquoi vous ne portez pas les gants ? Il a dit ce n’est pas pratique. Oui mais c’est dangereux pour votre peau. Il a dit ce n’est pas pratique,par rapport au rendement. Il veut travailler rapidement, il trouveque les gants ne sont pas pratiques pour travailler. Vous, vous savezque c’est dangereux pour lui. Il connaît bien. Vous n’avez pas peur d’avoirdes problèmes de peau plus tard ? Qu’est-cequ’il risque à votre avis ? Non, avec le tempsmais pas maintenant. Impossible de savoirsi les marques comme Zara sont au courant de telles pratiqueschez certains sous-traitants. Si ces produits chimiquesutilisés pour la teinture sont toxiques pour la santé,ils sont catastrophiques pour l’environnement. Or la plupart des usinesde textile sont situées le long de la baie de Monastir. Pour Mounir Hassin,c’est un véritable désastre écologique. Voilà les apports de ces usines-làqui sont déversés directement. Aujourd’hui, vous regardez,vous sentez aussi des odeurs. Ça va où ? Ça va directement vers la baie,anarchiquement comme ça, comme vous voyez. Voilà,le produit de cette pollution. Vous le voyezau fond de la baie. Regardez la côte, tous ces déchets,avant ils n’étaient pas là. Cette baie était saine,c’était vraiment une richesse. Effectivement aujourd’hui,quand on marche le long de la baie, coici ce que l’on constate. Vous pouvez regarder,voilà les eaux de délavage de jeans qui arrivent directement. Regardez ces eauxqui sont versées toutes directement. Elles arrivent de ces usines-là. Là, c’est une usinede traitement de jeans devant nous. Là, une autre. Elles sont troisqui versent dans ce canal-là. Et ici, il y a toute cette canalisationdans laquelle ils versent. Comme vous le voyez,ça débouche directement vers la baie. Vous pouvez voir l’arrivée des eauxde ces usines dans le canal. Comme vous le voyez,les eaux sont bleues, ce sont les eaux de délavage de jeans non traitées. Vous voyez leur couleur. Naguère réputée pour la pureté de ses eauxet l’abondance de ses poissons, la baie de Monastira été rebaptisée le triangle de la mort. Selon Mounir, cela ne semble pasêtre la priorité du gouvernement. Ils relient le problèmede la pollution avec le problème de l’emploi et ils disent en finde compte, que voulez-vous qu’on fasse ? Si on fait pression sur ces usines, il y aura plus de chômageet nous sommes dans une phase où on essayed’alléger le chômage.